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Channel: Le Cas Stelda - blog mode et chroniques
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Blogueurs vs journalistes #2

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Depuis que les blogueuses mode font la une des magazines et lancent des collections, on pensait  que la guerre blogo-presse était derrière nous. Que nenni. Vogue vient de lancer une attaque frontale sur son site, par la voix de ses journalistes : "Note aux blogueurs qui se changent de la tête aux orteils, payés-à-porter des tenues différentes toutes les heures : s'il vous plaît, arrêtez. Trouvez autre chose. Vous annoncez la mort du style..." On y lit aussi que "chercher du style chez ces payés-à-porter, c'est comme chercher le romantisme dans un club de striptease." 

A la suite de ces gracieusetés, d'influents blogueurs ont taxé l'équipe Vogue de jalousie et conseillé à ces vieilles toupies de journaleux "de prendre leurs Werther's Original, une bonne couverture et de retourner devant Miss Marple." 

Respect pour la formule du club de strip, j'ai trouvé ça très fort. Pour le reste, ça vole au niveau d'une cour de collège.

PS : Oui, j'attends le défilé Dior pour un débrief dans les règles et en attendant, je potine! 


Source photo : Getty images



Dior : (r)évolution en douceur

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Maria Grazia Chiuri, première femme chez Dior, a rendu sa copie. Les critiques sont prudentes : j'ai trouvé plus d'articles détaillant les tenues des stars invités et les chignons des mannequins que de compte-rendu tenue par tenue et ça, c'est rarement bon signe, ou plus exactement, c'est le signe que les critiques préfèrent broder autour de la collection, un peu comme lorsque votre voisine vous marmonne "J'aime bien ton sac" quand vous lui demandez votre avis sur votre tenue (dont une nouvelle robe et de nouvelles chaussures). Peut-être aussi les journalistes se réservent-elles pour la couture, où Maria sera vraiment jugée.

Personnellement, j'ai aimé. Ce défilé m'a fait du bien. Il était simple et sincère. Utiliser les tenues d'escrime était une idée géniale. Leur style intemporel colle bien à une vénérable maison de luxe, c'est un sport sur lequel les Français règnent depuis des décennies, elles sont mixtes mais demandent un savoir-faire plus élaboré que la fabrication d'un jogging... bref, c'était une façon très intelligente d'apporter une touche sport élégante et originale à une collection de prêt-à-porter. Les abeilles et les coeurs brodés sur les plastrons offrent une touche raffinée et plus fraîche. Maria Grazia Chiuri saisit aussi l'occasion de secouer un peu le perfecto et de remettre le corsaire (génial!! I loooooove le corsaire!) et le caraco au goût du jour. L'ensemble reste malgré tout un chouia trop premier degré, mais c'était déjà son défaut chez Valentino.

Je suis moins fan des robes en tulle, même si je les trouve réussies et très Dior époque Galliano.  En jouant avec les effets tatoués/brodés et les silhouettes en cuir surpiqué, Maria met une touche de sexy sage, sans aucune vulgarité. On est loin de Saint Laurent... comme des collections sur-intellectualisées de Raf Simons. 

Surtout, les modèles sont coupés pour des femmes. On peut y caser ses seins et ses hanches. Et avec le recul, je me dis que c'est finalement la vraie (r)évolition chez Dior. Dont la maison (et la couture française en général) avait bien besoin. 


Côté chaussures, ballerines et bottes lacées sont discrètes et très, très Diorisantes malgré tout. Je me suis juste demandé ce que ces immondes casquettes en plastique lunaires venaient faire au milieu des robes en voile. Et bien sûr, les mannequins sont toujours aussi hâves et blafardes, certaines semblent à peine tenir debout. Pourtant, cette fois, elles ne portaient pas de talons. 


Pour fêter la nouvelle femme Dior, légère et accessible (à condition de péter son PEL), je vous laisse monter le son à fond! Enjoy the Music! 


Pour voir le défilé, c'est sur la page officielle de Dior.

Définition du style

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Il y a quelques jours, Nicolas, un lecteur, reprochait aux blogueuses mode de parler beaucoup de style mais d'en manquer cruellement. Je partage son opinion à 380 %.

Je crois que 90 % des blogueuses mode n'ont pas de style, en fait, 99 % des gens n'ont pas de style et pour éviter tout malentendu, sachez que je m'inclus dans le lot. Ce n'est pas forcément grave, hein, c'est comme ça. Comme 95 % des gens peuvent écrire sans fautes de français mais ne sont pas écrivains pour autant. On n'y peut rien. Si quelques astuces et une bonne éducation parviennent à enseigner à 99% d'entre nous d'éviter les fautes de goûts (non, nous ne reviendrons pas sur l'éternel question du bon ou du mauvais goût), je suis persuadée que le style est inné. C'est comme l'aura, et en fait, le style est la matérialisation de l'aura, une manière d'exprimer sa personnalité, sa sensibilité, sa vision du monde, son rapport à l'autre et à son environnement. Et on est nombreux à être handicapé avec ça. On est complexé, on n'ose pas, on ne sait pas, on ne s'écoute pas, on ne prend pas le temps, on ne regarde pas autour de nous, on a peur, on ne se permet pas d'aller vers ce qui nous touche ou de le montrer. Avoir du style, c'est très difficile. C'est une psychothérapie, un aveu, une mise à nu, une prise de risque incroyable (et quotidienne).

Difficile aussi d'avoir du style dans des vêtements prêtés, soulignait Sophie Fontanel dans son dernier livre. Or, 90 % des personnes "stylées", actrices, chanteuses, mannequins ou blogueuses, portent des vêtements d'un jour ou d'une heure. 

Marion Cotillard résume à elle seule tout ce mystère du style. A l'occasion du défilé Dior, Closer s'est fendu d'un diaporama quasi exhaustif sur les tenues de l'actrice depuis son Oscar. Toutes signées Dior, ou presque. Et en le regardant, j'ai été frappée par son manque de style. Marion Cotillard est très mignonne mais on voit la robe d'abord, une robe généralement spectaculaire qui l'écrabouille complètement. C'est le contraire absolu du style.



 C'est sans doute dans ces deux petites robes noires qu'elle est le plus elle-même. Ou dans sa fameuse robe-écaille signée Gaultier, un peu too-much mais porteuse d'une sincérité et d'une gaieté qu'on ne voit plus ensuite. 

A l'inverse, Kate Moss est l'une des filles les plus stylées qui soit : pour avoir donné envie à des millions de femmes de porter un jean gris et un pull trop grand, il faut vraiment dégager !

Dans ma boîte, il y a...

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Il y a parfois bien pire que les escarpins über-pointus et les top crop++, ce sont les expressions que l'on trouve parfois dans les communiqués de presse. Aujourd'hui, j'ai lu un truc sur les joints de carrelage colorés. Je l'ai relu 3 fois. J'ai toujours pas compris si cette poudre s'utilisait en construction ou en rénovation, où on pouvait l'acheter ni à quel prix. Ok, j'étais grippée, j'avais de la fièvre et un grog de la veille qui flottait encore entre mes deux oreilles mais bon, quand même. Tout ça pour vous dire que le communiqué de presse est un exercice délicat. Y en a qui sont doués et d'autres moins.  Y en a aussi qui font des efforts de créativité, mais le résultat, hélas, est loin d'être à la hauteur de leurs idées. A l'arrache, voici quelques morceaux choisis de WTF reçus dans ma boîte mail* :
  1. Le plus obscur : "tenue décontractée chic - Summer dress code" Le chic étant relatif, le décontracté aussi, je traduis au doigt mouillé par une petite robe dégottée dans une boutique vintage, des chaussures Pring Paris et un sac en plastique.
  2. Le plus pédant : "Vins d'auteurs". J'attends avec impatience les chaussures d'auteurs. Même les maisons de couture n'osent pas la faire, celle-là.
  3. Le plus stupide : "Cette marque est luxueuse car les prix moyens de ses produits sont autour de 170 euros". Argument imparable.
  4. Le plus inattendu : "nous vous invitons à une rencontre autour de l'écolo-orgasme". Il y aurait donc des orgasmes polluants.
  5. Le plus cash : "monétise ta communauté avec notre nouveau site". Ca tombe bien, en ce moment, je fais des soldes : - 20 % pour mes followers Insta + mes visiteurs uniques/mois. 
  6. Le plus lu : "La créatrice a puisé son inspiration..."
Il y en a eu d'autres, je ne vous ai mis que la moisson du dernier mois. Heureusement, je reçois aussi les  mails très sympa, les messages vraiment personnalisés, et ceux-là, je m'en lasse encore moins.

*Aucun attaché de presse n'a été maltraité pour cet article

Chaud devant!

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Bye, bye, l'été, c'est bien fini. J'ai rallumé le chauffage, je résiste encore à sortir les collants mais, hélas, je crois que ça ne va pas durer longtemps. La seule chose qui me console, c'est que c'est l'occasion de ressortir mes tombereaux d'écharpes et de foulards et mes cachemires. Le cachemire m'a réconciliée avec l'hiver. 

Comme certains commencent à rendre l'âme, croqués par les mites, j'ai cherché des bonnes adresses pour refaire le plein. Et je suis tombée sur Le Pull Français, qui vient de naître. Du coup, hop, hop, hop, je me permets de lui faire un peu de pub, parce que les pulls made in France ne courent pas les rues. Ils ont eu la bonne idée de mixer des basiques et des modèles un peu plus originaux. Il y a du col V, du col bateau, du col roulé et plein de couleurs et c'est fabriqué dans la Loire. Le tout en mérinos et cachemire. C'est pas génial ? Le pull décolleté dans le dos va aller direct sur ma liste de Noël (avec un petit portefeuille Carré Royal jaune pétard!).





Boutique Le Pull français - Comptez 150 à 180 euros, selon les modèles.  

La chaussure, c'est la vie

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Sur Instagram, une lectrice me demandait comment j'avais survécu avec 3 jupes, un jean et un pantalon de toile pendant un an. Honnêtement, aujourd'hui, je commence à le vivre plutôt mal mais comme vous le savez :
  1. j'essaye de ne plus acheter de made in FaitParLesEnfants, je n'achète plus grand chose en boutique (j'avoue, y aura peut être un craquage exceptionnel sur une veste Zara), 
  2. les vêtements de marques éthiques ou made in France, Portugal, etc se trouvent surtout sur internet et je n'achète pas de fringues via internet because j'ai une morphologie tout sauf mannequin cabine. Je fais une dérogation pour les tops ou les sacs à main mais les jupes, robes et pantalons, c'est souvent la cata, donc no way,
  3. bossant de 8 h 30 à 18 h et avec les lutins à partir de 18 h, je n'ai plus beaucoup de temps pour faire les boutiques de seconde main.
Donc j'ai fait avec ma garde-robe micro capsule. Et tout est dans l'accessoire, en particulier, la chaussure. La chaussure, la chaussure, la chaussure. Ma dernière acquisition ? Des escarpins en nubuck rose bonbon avec de grosses fleurs en strass. Shopées 25 euros chez Mistigriff. Bonheur. Evidemment, elles sont anglaises. Qui d'autre oserait une telle accumulation de too much ? La chaussure a un énorme avantage : même ultra décolletée, couverte de paillettes, rose bonbon ou vert pétard, même en plastique transparent, en léopard ou en cuir doré, même à lanières stressée, à hauts talons ou en cuir vernis, elle passe toujours au boulot quel qu'il soit, à la sortie de l'école, bref, partout.

La chaussure, c'est le carton plein du style. Les gens qui n'aiment pas la mode ne les remarqueront sans doute même pas, les collets-montés ne seront pas choqués : au pire, ils vous trouveront farfelue mais jamais indécente ou provocante. Quant aux groupies du style, elles vous vénèreront. Et vous, vous amuserez à moindre frais, parce les chaussures durent bien plus longtemps que les vêtements, si vous les choisissez de bonne qualité (cf mes articles Shoes addict). 

Plagier n'est pas jouer

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Ce tweet a attiré mon attention. Plagiat, inspiration... les deux vocables se bousculent souvent dans la mode. Il y a deux écoles. L'une estime que le designer crée, puisque ce vêtement ou cet accessoire n'existait pas avant qu'il ne l'imagine. D'autres stylistes, Karl Lagerfeld en tête, refusent l'adjectif "créateur", estimant qu'ils ne créent pas mais interprètent, remettent en perspective, bref, bidouillent, mais partent toujours de quelque chose d'existant. Ainsi, Yves Saint-Laurent s'est fortement inspiré de la veste militaire pour imaginer sa saharienne mais il s'agit plus d'un détournement que d'un plagiat. Je suis clairement partisane de cette chapelle-là.

Alors les limites entre plagiat et inspiration me semblent très claires. Et quand Bienik accuse Jacquemus de plagiat, je n'y vois pas autre chose. 


Gaultier me semble plus proche de l'inspiration :  il n'a pas copié le trait de Bieniek mais a repris l'idée et s'est inspiré de la pose. Tout comme il s'était inspiré du parfum de Schiaparelli pour son célèbre flacon buste. 

A gauche, création d'Elsa Schiaparelli - A droite, le Classique de Gaultier

Elsa elle-même n'est pas réellement créatrice, puisqu'elle s'est inspirée des formes d'un mannequin pour imaginer son flacon. Ce qui plaide en faveur de ma chapelle. Mais revenons à Jacquemus et Bieniek. Selon l'artiste En mars 2015, [Jacquemus] m’a proposé une ‘vraie collaboration’. Il m’a écrit en me disant qu’il était un grand fan de mon travail, depuis des années, relate l’artiste. Il m’a montré les dessins ‘secrets’ de sa nouvelle collection, et j’ai tout de suite vu que l’intégralité de cette collection était basée sur ma série ‘Fascination’. Mais Jacquemus convoitait aussi mes travaux ‘Painted Faces’ (DoublefacedSecondfacedMe & My Friends). Il m’a dit qu’il était très, très, très pauvre et n’avait pas d’argent, mais qu’il aimait tellement mon travail… blabla…” Bref, bonne pâte, il aurait cédé. Et c'est le drame. "Quelques heures [après le défilé], mon travail ‘Doublefaced’ était publié dans la presse du monde entier, poursuit-il. Tout le monde l’a vu, tout le monde a écrit dessus, tout le monde en a parlé, mais personne n’a mentionné l’artiste original : Sebastian Bieniek ! Juste Jacquemus. […] Quelques heures plus tard, le très, très, très pauvre Jacquemus a été récompensé des mains de Karl Lagerfeld du prix LVMH d’une valeur de 150 000 euros, pour sa superbe collection (faussement) originale. Pensez-vous que j’ai récolté ne serait-ce qu’un centime ?” s'étrangle le dessinateur. Surtout, le couturier ne l'aurait pas nommé une seule fois dans ses "inspirations". Et c'est ce qui reste le plus en travers de la gorge de Bieniek.

Face à ces accusations, Jacquemus lui a renvoyé dans les dents une photo de Bill Silano publiée dans un Vogue de 1967 et présentant un mannequin au visage maquillé à la manière de Bieniek. Preuve que ce dernier n'aurait donc lui-même rien inventé, ce qui n'est pas faux (cf ma théorie développée ci-dessus et la preuve que Lagerfeld a raison, comme bien souvent).

Bien que fortement inspirée (par Lacroix entre autres), la dernière collection de Jacquemus m'avait semblée très intéressante, plus équilibrée et témoignant d'un talent prometteur. J'avais même prévu de lui écrire une lettre d'amour à 4 mains avec ma copine Laetitia, projet repoussé à cause de ma grippe.

Je reconnais beaucoup de compétences à Jacquemus : celles d'avoir su se créer un nom, raconter une histoire, imaginer une identité numérique cohérente (Dieu sait si c'est rare, même chez les grands groupes), travailler avec des usines française, et, surtout, combler un vrai manque des fans de mode aujourd'hui en leur proposant une mode légère et gaie. Et bien sûr, je lui laisse le bénéfice du doute dans cette affaire, même si, plagiat de Bieniek ou de Bill Silano, ce n'est pas la première fois que Jacquemus pille allègrement d'autres artistes, l'une de ses collections était tellement "inspirée" de Margiela que ç'en était gênant. Mais cette histoire a le mérite de poser à nouveau la question : où sont, aujourd'hui, les vrais designers de mode ? 

L’affaire racontée sur le site Kombini

Merci à Louvre pour Tous grâce à qui j'ai vu passer cette info

La fête du slip

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Ceci est un slip mais un slip 2.0. Créé par la petite marque française Duoo Underwear, il préserve les parties intimes des effets secondaires du smartphone, c'est-à-dire les ondes. Le principe est celui de la cage de Farraday : des fils d'argent intégrés dans le tissu coton et Elasthane stoppe les ondes. Le tout en gardant un style branché.

Disponible en 5 tailles et 4 couleurs, selon ses concepteurs, il serait ultra confortable. Je pourrai difficilement le vérifier mais le boxer anti-connexion nous rappelle au moins une choses : l'innovation, dans la mode, se joue bel et bien sur le tissu en particulier et les matières en général.



Chatelles ou l'art du monoproduit

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Chatelles est un cas d'école, une vraie-fausse marque ringarde. Le nom semble émerger tout droit des années 50, le logo est assorti. Quant aux produits... ce ne sont rien moins que des pantoufles de mémé. Mais on peut dire qu'elles ont sacrément réussi. 


En réalité, cette "maison de souliers" est née... en 2012. Son papa était banquier d'affaires et s'appelle François du Chastel. Et en choisissant un nom pas branchouille et un logo qui l'est encore moins, il peut espérer défier le temps. Ce qui n'est pas donné à toutes les nouvelles marques. L'objectif de François de Chastel est très clair : "Devenir une référence sur le marché des clippers, au même titre que Repetto est devenu incontournable pour les ballerines ou Tod's pour les mocassins.

Et le monoproduit, c'est ce qu'il y a de plus malin, en mode comme en cuisine. On se facilite la fabrication, on touche rapido une clientèle et, pour peu que la qualité soit bien là, on se fait vite une réputation. Même si les slippers sont loin d'être des chaussures les plus sexy du monde, elles restent une alternative bien confortable, alternative recherchée par des milliers de femmes qui se sont ruées sur les ballerines de l'ami Repetto puis sur les Stan Smith, New Balance et autres Converses le jour où l'oracle mode leur a dit qu'elles pouvaient en porter sans passer pour des clochardes. Chatelles part donc du principe qu'un bon produit trouve des clientes et qu'ensuite, il suffit de les fidéliser. En choisissant une forme immuable qu'on peut recommander, une fois éprouvée, à satiété les yeux fermés, mais en proposant chaque saison de nouvelles couleurs ou motifs à tomber et le détail qui tue (les semelles sont gravées à l'intérieur d'un vers de Victor Hugo "Je ne puis rester loin de toi plus longtemps"), c'est le carton plein. Même moi, loin d'être une grande fan des clippers, je craque complètement devant les modèles. Entre la toile kilim, le velours bordeaux, le cuir vert d'eau, les paillettes bleu nuit, les pompons fluo ou rouge verni, je perds la boule. Si jamais je finis par craquer (rien n'est moins sûr, je suis tellement raisonnable en ce moment que je m'effraye moi-même), je vous dirais ce qu'il en est des finitions. Mais sur le papier l'écran, elles semblent impeccables : la semelle intérieure est rembourrée au niveau du talon et de la voûte plantaire, toutes sont doublées cuir, les couleurs frisent la perfection.

Certains éléments sont plus douteux et sentent fort le marketing qui va bien : la précision "fabriqué en Europe à la main", ahem, même en Ethiopie, une chaussure est fabriquée à la main. Tout ce qui est vêtement ou accessoire est encore et toujours fabriqué à la main. C'est bien pour ça que c'est délocalisé, d'ailleurs... La mention "100 % cuir issu de sources renouvelables" m'a aussi bien fait rire. Excepté le cuir de crocodile ou le python et quelques autres bestioles exotiques, le cuir utilisé en maroquinerie et botterie n'est que du déchet. Du déchet de boucherie. Il est récupéré dans les abattoirs, sur les animaux tué pour leur viande : mouton, chèvres, veaux... Une source forcément renouvelable donc.

Evidemment, comme tout produit qui cartonne, ces jolis slippers ont connu une légère inflation. D'abord vendues 150 euros, il faut aujourd'hui compter 180 euros pour une paire simple, 200 euros pour un série limitée ou une paire personnalisée.

La boutique en ligne : My Chatelles


Sources photos : Chatelles

Soyons punk

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J'ai l'impression que le punk revient à la mode. Contre-pied, sans doute, d'une overdose de minimalisme et de paillettes. Inspiré, peut-être par l'énergie d'une jeunesse mal canalisée ou déçue dans ses tentatives de changer le monde. Propulsé, peut-être, dans le sillon de l'esprit grunge cher à Slimane, car une fois qu'on a tâté du grunge, difficile de retourner aux 90's triomphantes, surtout en ce moment. 

Reste à savoir à quelle sauce il sera mangé dans nos placards. Le punk, comme le dandysme, est un mode de vie radical, difficilement compatible avec une large diffusion. On risque donc de n'en percevoir que ses éléments les plus accrocheurs : clous, cuir noir, cheveux colorés, coupes hérissés, grosses godasses, qui, du coup, deviendront communs et fort éloignés de l'esprit originel. Et quand on regarde le travail de ses deux représentants en mode, pas sûr que le punk ait encore sa place : Westwood en reste la grande représentante mais avec des hauts et des bas, Gaultier l'a singulièrement glamourisé dans sa collection "punk cancan" de 2012. 


L'esprit punk, lui, tente quelques percées à droite et à gauche, le mot est utilisé à toutes les sauces dans les magazines. Mais il a peu de chances sur les podiums, peut-être parce que la mode d'aujourd'hui, ultra consensuelle, créée sur ordinateur dans des bureaux, pensée pour être likée, financée par des businessmen, est diamétralement opposée à un mouvement contestataire.  Le DIY est bankable, mais dans une certaine mesure et ce n'est pas celle de LVMH ni H&M.

Objectivement, quand on le regarde (et l'écoute) de près, le punk n'est pas très sympathique. Le no futur, la violence, le noir, le métal, les airs crades, toussa, on est loin des licornes, des coeurs avec lesmains et de l'amour pour toujours. Quant aux paroles, y a  parfois trois mots qui tournent en rond, et quand il y en a plus, comme chez les Clash, ils piquent sévèrement. Ceci dit, un défilé Chanel ou Vuitton sur Lost in the Supermarket, c'est ça qui serait punk! Mais la musique des Ramones, c'est tout de même quelque chose et cette chanson dégage une telle énergie qu'elle me semble idéale pour commencer la semaine. Une énergie, aujourd'hui, qui manque à beaucoup d'entre nous dans la mode. La meilleure chose du mouvement punk, c'est ça. Pas les crêtes d'Iroquois, ni les épingles à nourrice dans les oreilles. Et c'est la seule chose que les marques oublient.

Etre punk aujourd'hui, c'est peut-être juste oser être en accord avec ses convictions.

Mais pourquoi Trump ?

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La question tourne en boucle depuis mercredi matin sur nos écrans, dans les kiosques, à la radio. Comment les Américains ont-ils pu élire ce clown ? D'abord, permettez-moi de souligner que c'est une excellente nouvelle pour l'industrie du cosmétique : elle va pouvoir écouler des brouettes de fonds de teint orange et d'anti-cernes neigeux. Bonne nouvelle également pour les coiffeurs du dimanche et les marchands de laque, comme le soulignait ma copine Pauline.

Cette élection a donc fait exploser les codes du maquillage. Mais pas que. L'échec d'Hillary, c'est aussi l'échec de la compol'à tous les étages : look, langage, tactique. "Comment n'a-t-on pas envisagé son élection ?" me demandait une twitto. Parce qu'on ne sait pas se mettre à la place de l'autre, parce que les médias prennent rarement le temps de se plonger dans l'Histoire, parce qu'on ne veut souvent voir que ce qu'on veut bien. Voilà ma première réponse. Je ne suis pas géopoliticienne, anthropologue, politologue ni sociologue, j'avoue avoir suivi la campagne d'assez loin et n'en avoir entendu que l'écume médiatique, parce que, primo, je pense que j'ai du mal à percevoir ce qui se passe à 1000 bornes dans un pays que je connais seulement par film/série/médias interposés, deuxio, je réservais mes faibles forces pour notre propre élection, partant du principe que charité bien ordonnée commence par soi-même et que c'était déjà assez gadouilleux à la maison sans aller prendre un bain de plus chez le voisin. 

Mais bon, mercredi matin, comme par magie, je me suis réveillée à 5 h 00 tapantes, fraîche comme un gardon. Un exploit pour ceux qui me connaissent, car je programme TOUJOURS 2 réveils-matin pour être sûre de me lever. Un signe que ça me travaillait quand même cette élection. A 5 h 00 donc, je bondis sur mon fil twitter. Trump. Trump, Trump, Trump. Ok. Je me suis dit qu'il était temps de s'intéresser un peu à la chose et j'ai acheté illico un petit livre de 120 pages, Qui est Vraiment Donal Trump ? publié il y a un mois ou deux par une journaliste du Figaro. Histoire de comprendre, de dépasser nos idées toutes faites (justifiées ou non, ce n'est pas le sujet ici) . Je l'ai lu dans la journée et il montre tout ce qu'on n'a pas vu.

Laure Mandeville a vécu plusieurs années aux Etats-Unis et suivi la campagne de Trump pendant 15 mois. Et elle a essayé de savoir qui se cachait vraiment derrière l'homme à la houpette orange. Elle a donc interrogé des politologues, des conseillers républicains ou démocrates, des électeurs de Trump et même son nègre, l'homme qui a écrit son fameux best-seller The Art of the Deal. Elle a aussi remonté le fil de Trump avant 2013. 

Et c'est le premier point d'explication intéressant. Pour nous, Trump est un clown surgi de nulle part mais 30 millions d'Américains ont suivi pendant des années son émission de téléralité,  une tour porte son nom à New-York. Il est donc une figure très connue, admirée même : à la fin des années 80, il était l'homme le plus admiré de ses compatriotes, juste derrière les 4 anciens présidents encore en vie, le pape Jean-Paul II et Lech Walesa (deux champions de l'anti-communisme). Ca pose le cadre. Déjà, là, c'est hors de notre système de pensée française : notre top est composé de Goldman, Cousteau, Soeur Emmanuelle et Zizou. 

Trump arrive donc avec un sacré capital : son émission et son nom, qu'il polit depuis bien longtemps, n'hésitant pas à taire ses échecs ou à les retourner à son avantage. La communication, il l'a apprise d'abord sur les chantiers de construction, avec les ouvriers, puis sur les plateaux de téléréalité. Il utilisera donc Twitter de façon très intelligente, pour tester l'opinion, voir où ça pique, rebondir, rectifier. "Les exagérations, les attaques, tout est calculé, c'est une méthode de combat" affirme une éditorialiste américaine. Tous ces dérapages portaient d'ailleurs sur des sujets tabous, sur lesquels une partie de la population se sent empêcher de débattre sereinement. Il n'a pas besoin d'acheter des tonnes de pub dans les journaux comme sa rivale, il sait que l'opinion des électeurs se forge ailleurs : au bistrot, au boulot, sur les réseaux. Trump ne croit pas aux marketeux, ni aux communicants. Il croit aux rapports de force. Et au pays de Clint Eastwood, c'est un autre sacré capital. Il a appris à négocier avec la mafia, les lobbies et les politiciens corrompus sur ses gros projets, ce qui, explique-t-il, l'a décidé à auto-financer sa campagne. Et cette indépendance plaît aux électeurs, surtout face à une Hillary sous perfusion (et qui dépensera deux fois plus que lui). Surtout, elle lui permet de dire tout ce qui lui passe par la tête sans craindre de chiffonner un financier et de se faire couper les vivres.

Ce politiquement incorrect, ce langage cash trouve un écho, car les Américains ont déjà élu des candidats anti-système. Ce fut le cas de Reagan, considéré comme un simplet voire un bouffon par les politiciens de l'époque et, plus loin encore, en 1829, le général Andrew Jackson, 7e président, en guerre contre la corruption des élites. On voit Trump comme un membre de cette élite mais c'est différent aux yeux de ses électeurs : il est milliardaire et vit au sommet d'une tour mais il n'y est pas né, il l'a construite. S'il a hérité "d'un million ou deux", comme il le dit, il a gagné  ses milliards. Il a grandi dans le Queens, un quartier multiculturel de New-York. Là encore, tout ça nous semble très fumeux car pour nous, riche = élite. C'est en lisant un roman de chick lit, Chic et Choc à New York, (on peut s'instruire partout, na!) que j'ai compris les strates de l'aristocratie new-yorkaise. Il y a milliardaires... et milliardaires : les vieilles familles WASP (descendantes des Pères fondateurs, par exemple) et les parvenus (comme Trump, petit-fils d'immigré allemand), les premiers méprisant ouvertement les seconds et leur barrant souvent la route. De sa tour kitchissime, Donald domine d'ailleurs le magasin Tiffany, un certain emblème du chic new-yorkais BCBG. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Trump est bien une poursuite de la révolte du peuple contre les élites, entamée... en élisant Obama. Car l'auteur (qui s'appuie toujours sur les opinions recueillies à droite et à gauche) souligne que tous les deux ont été élus sur leur charisme, leur personnalité et leur rejet de cet establishment. 


Enfin, "contrairement à Obama, Trump vend du réalisme, pas du rêve". Le Yes we can avait enflammé l'Amérique et le monde mais 8 ans plus tard, les choses ne semblent pas s'être arrangées. Les Américains ont soupé du rêve et sont fatigués de compter les cercueils qui rentrent d'Irak ou d'Afghanistan et même si Obama ne peut être tenu pour responsable de toute la misère de son pays, les électeurs font comprendre que les paillettes, ça va bien, la classitude, c'est chouette mais ça ne met pas de hamburgers dans l'assiette. Trump est d'ailleurs le seul Républicain à oser critiquer l'intervention de Bush en Irak. "Les Américains sont fascinés par Trump parce qu'il leur vend à la fois un rêve de succès et un principe de réalité", explique un politologue américain. On en revient ici à cette fameuse émission de téléréalité, dans laquelle Trump démontre qu'il y a les perdants et les gagnants.  Et que la première option ne fait pas partie de son disque dur.

Un électeur d'origine franco-espagnole justifie ainsi son vote : "Trump fera ce qu'il a dit, il l'a montré avec ses buildings, il a créé quelque chose". Trump est donc élu "presque comme une potion magique destinée à guérir tous les mots de l'Amérique" résume Laure Mandeville, c'est "la rencontre d'un homme et d'une révolte." S'il reste à vérifier qu'il est le bon homme, il a su se présenter au bon moment. Et avant, c'était trop tôt. En 1988 déjà, Trump a pensé se présenter aux élections présidentielles. Il a d'abord été démocrate et dans le camp républicain, il est détesté des conservateurs, des néoconservateurs et des reaganiens. Une fois la barre de l'investiture franchie, il n'hésite pourtant pas à aller les voir. Des manières qui rassurent certains sur son réalisme, tout comme le choix de son vice-président, Mike Pence, un vieux briscard de la politique. Une versalité, ou des incohérences qui démontrent son opportunisme pour d'autres.

Toutes ces raisons, les médias français les ont oubliées. 94% des médias américains aussi. 

Laure Mandeville avoue n'avoir pas réussi à percer le mystère Trump. Le milliardaire apparaît comme un politicien extraordinaire, instinctif, comme un homme sans peurs mais aussi sans limites, séduisant mais inquiétant, ni noir ni blanc. Ce n'est ni un monstre ni un chevalier. Et personne n'a pu répondre à la question qui hante tout Washington (le monde) : le Trump rationnel sera-t-il capable de contrôler durablement un ego démesuré et un caractère explosif ?

En tant que fashionista, je suis la première à déplorer le départ du couple Obama : qui d'autre s'habille aussi bien, a autant d'humour, semble aussi classe, parait toujours aussi parfait quels que soient le lieux ou les circonstances, tout en semblant normal ? Personne. Qui d'autre porte aussi bien les chemises qu'Obama, les robes de créateur que Michelle ? Qui d'autre semble né pour le smoking, la robe de bal, encore amoureux et plein d'humour ?... 

Mais l'élection de Trump doit justement nous apprendre à regarder au-delà des serpentins, des sourires et de la communication. Elle nous rappelle également qu'un homme politique est jugé sur ses actes, même s'il a été élu grâce à ses ses mots. Qu'enfin, dans un pays démocratique, une élection se joue encore et toujours dans les bureaux de vote et non les bureaux de sondage, ce qui me semble tout de même une excellente nouvelle : notre voix a du poids. Et les élections ne sont pas truquées. Un rayon de lumière, comme ce magnifique tableau de Cécile 


Pour aller plus loin : Qui est vraiment Donald Trump ? Laure Mandeville, 120 pages, 14 €

Ce qu'en disent a posteriori les prévisionnistes américains (sur Slate)

L'interview de Laure Mandeville (sur Le Figaro)

Face Paint, la face cachée du maquillage

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Si vous cherchez des tuto beauté ou des idées de maquillage, passez votre chemin, ou explorez la chaîne Youtube de l'auteur : Face Paint est vraiment un livre pour comprendre l'art du maquillage, ses enjeux, son histoire. Si vous vous êtes toujours demandé ce que cache du rouge sur les joues et du noir sous les yeux, foncez, il est fait pour vous.
Lisa Eldridge est maquilleuse, et depuis 2015, directrice de la création maquillage chez Lancôme. Et son Face Paint, Histoire du maquillage est un livre intelligent qui rappelle que le maquillage, comme le vêtement, est quasiment né avec l'humanité


Alors qu’est-ce que le maquillage peut bien nous raconter ? Bien des choses. Les statuts sociaux, les critères de beauté selon les époques, un peu de l’histoire des échanges économiques aussi et surtout, surtout, qu’il est un instrument de libération pour les femmes. Contrairement à une idée reçue de plus en plus courante selon laquelle le rouge à lèvres asservit la femme, l'auteur souligne que le droit de se maquiller va de pair avec le droit d’exister. Les grandes icônes de beauté l’utilisèrent à leur avantage, pour se créer une image ou affirmer leur différence. Pour combler leurs failles narcissiques, parfois. Marylin Monroe, Audrey Hepburn ou Brigitte Bardot entretenaient un lien quasi fusionnel avec leur maquilleur, car, tout autant, peut-être plus encore que le vêtement, le maquillage permet de façonner une image et de marquer un style en deux coups de crayon. Et si vous voulez vous faire les cils de poupée de Twiggy, prévoyez 1 h 30, selon Lisa.

En abordant le sujet par couleur plutôt que de manière chronologique, Lisa évite de nous infliger un cours magistral. On découvre par exemple toutes les symboliques du rouge, le pouvoir du noir, les péripéties du blush depuis la Grèce antique. Le fil de la couleur permet de traverser par petites touches les différentes époques et les pays et de lire l’ouvrage à la petite semaine pour ceux qui préfèrent picorer (en bonne adepte du steak frites, je l’ai lu en 2 heures).
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Lisa casse le rythme en présentant ses idoles personnelles au fil des pages : on croise les "classiques", comme Nefertiti, Marie-Antoinette ou Liz Taylor mais aussi Joséphine Baker, la princesse Alexandra ou la première star sino-américaine, Anna May Wong, qui furent des trendsetteuses de folie, même si on l’a oublié. Alors un grand merci à Lisa de leur rendre justice. Ces portraits sont juste un peu trop courts à mon goût mais ils donnent envie de (re)découvrir les vies étonnantes de ces femmes.

Evidemment, Face Paint s'apprécie aussi pour les photos. On y trouve entre autres celles de Cuneyt Akeroglu et d'Irving Penn, l'homme qui inspire encore et toujours les photographes beauté aujourd'hui. Un seul regret : la maquette, excessivement classique. Un sujet aussi visuel aurait mérité une forme plus vivante. D’autant que les éditions Hachette imaginent souvent de petites merveilles (dans la collection Cuisine en particulier, K Food, Les recettes de la Cantina ou Choisir et acheter un vin en 7 secondes sont superbes et étonnants).



Pour aller plus loin : les vidéos de Lisa Eldridge, qui complètent son livre

Face Paint, de Lisa Eldridge, 240 p., éd. Hachette, 29, 95 €


Des séries pour s'évader

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Il y a maintenant environ 478 séries qui sortent par an, ça devient compliqué de les connaître toutes, sauf à être journaliste pour Télérama (et encore). En séries comme en beaucoup d'autres domaines, j'ai de graves manques : j'ai zappé Game of Thrones, Vikings, Downton Abbey, Walking Dead, Orange is the new black, The Big bang Theory. Pour Vikings et Downton Abbey, c'est juste que j'ai manqué de temps, mais les autres, je l'avoue, ne m'intéressaient pas tellement. J'ai préféré farfouiller toute seule à la recherche de séries plus rigolotes : comme en mode, j'aime bien dénicher mes petites pépites méconnues. Hautes en couleurs, drôles et bien sapées, voilà mes cinq dernières découvertes télévisuelles.

Empire


Découvert grâce à une collègue (qu'elle soit bénie), Empire est une tuerie. La série est maintenant assez connue, l'actrice principale, Taji P. Henson ayant obtenu un Golden Globe pour son rôle de Cookie. Le résumé grosso modo : Dallas chez les rappeurs (ou le contraire). Tout tourne autour de la personne de Lucious Lyon, ancienne star du hip-hop et devenu un richissime producteur de disques. Se croyant mourant, il doit désigner son successeur parmi ses trois fils. Deux sont des artistes débutants, très différents mais doués, l'aîné est un homme d'affaires, enfant obéissant mais méprisé par le reste de la famille. Et voilà que Cookie, la matriarche, en prison depuis 17 ans, revient parmi les siens pour régler ses comptes. Si Lucious est le roi des coups tordus, Cookie est encore plus maligne que lui. 
Pas grande fan de hip hop, j'ai eu un peu de mal à accepter la bande son pendant les premiers épisodes mais ensuite, impossible d'imaginer la série sans. Même si l'intrigue tourne un peu sur elle-même, on se demande jusqu'où iront les folies de Lucious et Cookie et les acteurs sont tellement forts qu'il est quasi impossible de lâcher Empire. Les costumes et l'ambiance, kitchissimes et outranciers, sont géniaux.

Younger


Rien à voir et certainement moins connu qu'Empire. Ici, on est plutôt dans un Sex and the City mâtiné de Diable en Prada. Liza a 40 ans, subit un divorce houleux, une ado qui tente de s'émanciper et doit retrouver un job. Problème : personne, à New York, ne veut embaucher une vieille. Sur un malentendu, Liza réalise qu'elle peut perdre 15 ans. La voilà qui transforme le 40 en 26, s'habille comme une millenniale et décroche enfin un poste d'attachée de presse dans une maison d'édition branchée. Elle plonge la tête la première dans Twitter et la fabrication des buzz pour monter des coups éditoriaux. Mais entre sa collègue-confidente, son patron amoureux et sa boss névrosée, elle marche sur un fil et tremble sans cesse d'être découverte. 
Gros, gros kif pour les costumes (oui, c'est très important pour moi!) et la galerie de personnages. J'adore Charles Brooks, le patron et la colocataire de Liza, Maggie. Le personnage d'Hillary Duff, la gentille collègue, réussit l'exploit d'être toujours parfait et charmant et jamais exaspérant.


Lucifer


Un hybride, puisqu'elle mêle série policière et série fantastique. Encore méconnue en France, elle a le même défaut qu'Empire : des personnages tellement tarés qu'on finit par ne plus trop savoir jusqu'où ils iront ni s'ils peuvent être sincères une nano-seconde. Pour le reste, j'adore son esthétique un peu sombre, la photo, les plans et l'idée de départ : Lucifer, fatigué de faire le sale boulot en enfer, s'installe à Los Angeles et s'offre une nouvelle vie. Avec un nouveau nom (Lucifer Morningstar) et un nouveau job, patron de boîte de nuit et jet-setteur. Un assassinat devant son club le pousse à travailler avec la policière chargée de l'enquête. Trouvant cette nouvelle occupation assez marrante, voilà notre Lucifer devenant détective. 
Le héros est un parfait dandy, complètement perdu dans "le monde des humains". Il a fort à faire avec son père (Dieu), sa mère (un genre de divinité maléfique) et son frère (un ange) et entre deux crimes, file sur le divan d'une psy. Avec une bonne dose d'auto-suffisance et un zeste d'auto-dérision (et ses yeux noirs), Tom Ellis a conquis mon coeur. Les épisodes de plus de 45 mn peuvent effrayer mais la personnalité de Lucifer est si complexe que ça passe tout seul.


Unbreakable Kimmy Schmidt 


La plus déjantée. Kimmy a 14 ans quand elle est enlevée par un gourou. Il l'enferme sous terre pendant des années en compagnie de trois autres malheureuses et leur fait croire qu'il veut les protéger de l'Apocalypse. Bien évidemment, ce n'est pas un ange qui les délivre au bout de 15 ans mais la police. L'Amérique, effarée, les surnomme "les femmes-taupes". Pendant que l'une de ses ex-compagnes d'infortune arpente les plateaux de télé pour se reconstruire et qu'une autre profite de cette notoriété pour monter un business, Kimmy décide de retrouver une vie normale. Mais la réadaptation au monde réel, à ses smartphones, ses nouvelles moeurs et ses hystéries collectives s'avère assez compliqué et la pauvre Kimmy en voit de toutes les couleurs.
Amis de la subtilité, passez votre chemin : les personnages sont hauts en couleurs et les acteurs s'amusent comme des fous. Jane Krakowski est géniale en femme de milliardaire névrosée (et je veux sa garde-robe et son coiffeur). Chose rarissime et à souligner, l'une des héroïnes est indienne et la série aborde la difficulté d'une nativeà trouver sa place dans la société américaine où le sang de "peau-rouge" est vu comme une tare. Très courts (20 mn environ), les épisodes se regardent comme on avale une boîte de bonbons Haribo : frénétiquement.



Le Bureau des légendes


Une petite française made in Canal +, pour terminer en beauté. La seule réaliste également, même si elle nous embarque dans un monde qui semble irréel : celui des espions. Le Bureau des légendes, c'est le plus secret des services de renseignements, celui où l'on prépare les couvertures des agents. Mathieu Kassowitz est l'un d'entre eux et il revient après six ans de mission au Moyen-Orient. Problème : il semble garder vivre une double vie. Mais il est loin d'être le seul... 
Ici, très peu d'humour mais une photo vraiment réussie. Malgré des invraisemblances, les scénaristes ont mis en scène beaucoup d'éléments réalistes et mitonnent une intrigue très fine. Impossible de savoir où ils nous mènent. Jean-Pierre Darroussin est extra en chef fatigué. Mon regret : les personnages féminins sont ratés et Sara Giraudeau en particulier m'exaspère. Mais ça n'engage que moi. Pour le reste, si vous aimez les histoire de James Bond mais que vous détestez les paillettes et les cascades, go!


Et bien sûr, j'attends en trépignant la suite de Dix pour Cent, dont la première saison m'a emballée : à mes yeux, la meilleure série française depuis longtemps.

Spéciale dédicace à Laëtitia, qui m'a inspiré cet article


Un gouvernement pour 2017

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J'ai d'abord eu très peur de m'endormir devant ce débat des candidats à la primaire de la droite et du Centre et puis finalement, non, c'était très instructif. Première constatation : marine is the new black et les chemises roses, les cravate Liberty, les robes à pois ou les escarpins à plumes sur un plateau télé, c'est pas pour demain. Deuxième constatation : le petit speech d'1 minute 30 face caméra en fin de débat était une vraie souffrance. Pourtant, NKM m'a drôlement inspirée quand elle a dit qu'il fallait profiter de cette primaire pour passer à autre chose. Tout renouveler ? Apporter des idées neuves ? Quelle bonne idée! J'ai donc sauté sur mon clavier et composé mon gouvernement rêvé, 100 % issu du monde civil et cerise sur le gâteau, des milieux de la mode et de la beauté. 

Le gouvernement qu'il nous faut 


Président de la République : Liliane Bettencourt. Hé ouais. Parce que c'est une femme et que nous aussi on peut élire un milliardaire. France : 1, US: 0!

Premier ministre : Karl Lagerfeld (d'abord pressenti à l'Intérieur). Fini les batailles de polochon en conseil des ministres et les tweets nimportenaouak, ça ne rigolerait plus. Et bye-bye les notes de frais pour les repas de sénateurs bien arrosés, ce sera régime Coca Zéro pour tout le monde. Main de fer sous des bagues en argent.

Aux Affaires étrangères et du développement international : Bernard Arnault. La France aurait un réseau consulaire de ouf, avec 3 860 points dans le monde, au lieu des 228 actuels. Et personne n'a jamais posé de bombes dans une boutique de sacs à main.

A l'Environnement, l'énergie et la Mer : Anna Bayou, Jean-Baptiste Roger ou Erwan Goullin, l'un des trois fondateurs de 727 Sailbags qui créent des sacs en voile recyclées. Pas connus, pas haute coutre, mais c'est normal, puisque l'environnement, tout le monde s'en fout, et la Mer, encore plus. Et tant pis si on possède le plus grand domaine maritime au monde, à travers tous les océans. 

A l'Education nationale, l'Enseignement supérieur et la recherche : Vincent Grégoire, le chasseur de tendance de l'agence Nelly Rodi. La recherche, c'est son truc, et il instaurerait 18 heures de cours de curiosité hebdomadaires obligatoires.

A l'Economie et les finances : Alain Wertheimer, le PDG de Chanel. Parce que mine de rien, pour un petit groupe familial, la marque est celle qui a eu les meilleurs résultats financiers en 2015. Donc on signe.

Aux Affaires sociales et la Santé : On réfléchit encore un peu, parce que là, c'est compliqué. On devrait bien trouver du côté des dirigeants d'agences de mannequins.

A la Défense : Olivier Rousteing, le styliste de Balmain. Les uniformes retrouveraient un peu d'éclat.

A la Justice : Christian Louboutin, pour désengorger les tribunaux. Tout le monde plaiderait non-coupable pour ses chevilles tordues, ses orteils recroquevillés et porterait sa petite touche de rouge. De quoi réconcilier siège, parquet, défense et parties civiles.

Au Travail, l'Emploi, la formation professionnelle et le dialogue social (non mais au secours! ils pensent aux journalistes qui doivent faire tenir un titre en 35 signes ? et je ne vous dis pas pour le tweeter...) : Alexis Dumas, le PDG d'Hermès, qui recrute à tour de bras et a participé à la création d'un centre de formation pour les métiers du cuir.

A l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales : Inès de La Fressange, qui a fait ses preuves et qui saura vendre la botte de caoutchouc Aigle made in Ingrandes (Vienne), la pantoufle du Berry et l'espadrille basque comme elle a su promouvoir la marinière. Fini les territoires oubliés! Tous à la une de ELLE.

A l'Intérieur : Karl. Oui, ça fait beaucoup pour un seul homme mais il gère les collections de 3 maisons de couture tout en trouvant le temps de faire des photos et de lire. Ca ne devrait pas l'effrayer de tenir un ministère régalien et le Gouvernement.

A l'Agriculture, l'Agroalimentaire et la Forêt : Yann Alléno. Une entorse, mais impossible, même dans mon monde fantasmagorique, d'imaginer un couturier gérant ce qui se mange.

Au Logement et à l'habitat durable (un peu le principe d'un habitat, quand même, sauf pour les camps de réfugiés) : Pierre Cardin, l'homme de la maison bulle et du mobilier design.

A la Culture et la Communication : Jean-Paul Gaultier. On lui fait confiance pour encourager la culture vivante et hors les murs. Pour le Patrimoine, je ne sais pas mais ce n'est pas la priorité du jour, donc go.

Aux Familles, l'enfance et le Droit des femmes : Phoebe Philo, qui a aménagé sa carrière en fonction de sa vie de famille.

A la Fonction publique : Donatella Versace, qui ne dévie pas d'un iota de sa ligne. De quoi rassurer les postiers et éviter les réformes à hue et à dia. Pour la retraite à 60 ans, par contre, faudra peut-être repasser.

A la Ville, la jeunesse et les sports (et les sportifs ruraux, ils dépendent de quel ministère ?) : Marc Jacobs. Le seul qui pourra offrir à nos champions des tenues dignes de leurs podiums olympiques (en croisant les doigts pour que Teddy Riner aime le léopard).

A l'Outre-Mer : Jean-Claude Ellena, l'ancien nez d'Hermès. Parce qu'il a embouteillé les odeurs du monde entier, celles du curry chauffé au soleil, des iris sous la pluie et de l'eau du Nil, la Martinique et La Réunion sauront l'inspirer.

Je vous laisse avec une petite blague politique pour la route, parce que tout de même, c'est du sérieux, les élections.



Un oeil dans le rétro (encore)

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J'étais partie pour ne rien mettre ce soir et puis je suis tombée sur cette chanson. Qu'est-ce qu'ils m'ont fait rire, ces deux-là, en 2012! Rétrospectivement, j'ai le sentiment qu'on s'en fichait, qu'on avait encore des espoirs, une foi en des lendemains chatoyants, une insouciance, qui se sont envolés en quelques mois. Sans doute une illusion d'optique, sûrement, même. Mais presque cinq ans plus tard, où en est-on ? Ce qui est sûr, c'est que ça fait du bien de les revoir et de rire un peu.



Et la suite de l'histoire :


Les mondes invisibles de Zofia Rydet

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Zofia Rydet avec un modèle (1911-1997)

Depuis samedi dernier, le Jeu de Paume présente au château de Tours une (toute) petite partie du travail de Zofia Rydet. Une illustre inconnue en France, sauf chez quelques photoaddicts, mais reconnue comme l'une des plus grandes photographes polonaises : Zofia a fait un travail monumental, qu'elle a baptisé Le Répertoire sociologique. De 1978 à 1990, elle a photographié les hommes, les femmes et les enfants de Pologne, leur maison, leurs objets, aussi, prise d'une espèce d'angoisse à l'idée que tout disparaisse un jour. Plus de 20 000 photos, classées selon une typologie très personnelle, parfois pas très bien classées, avec des légendes plus ou moins complètes... et dont elle n'a développé qu'1 ou 2 % des négatifs. Les deux commissaire de l'exposition expliquent avoir dû faire un travail de fourmi pour retrouver tous ses fils conducteurs et mettre en avant la cohérence de ce travail. Comme l'artiste prenait beaucoup de photos au grand angle et avec un flash très puissant, le travail de tirage a lui aussi été très délicat.

Dans les grandes salles du château, l'effet est saisissant : des dizaines de photos noir et blanc se serrent sur les murs, collées les unes aux autres. Comme un immense film négatif. Ou comme des papillons épinglés dans une boîte. Aucune légende, les images se suffisent à elles-même. On peut jouer à Où est Charlie ?et tenter de deviner le point commun à chaque groupe de photos, puisque Zofia les classe aussi en fonction des objets qui apparaissent sur les clichés : un téléviseur, un lit, une porte... et même les portraits du pape Jean-Paul II. 


Cette démarche anthropologique est courante dans la photo : elle rappelle celle de Nicolas Muller exposé lui aussi il y a 2 ans au château de Tours mais la ressemblance s'arrête là. On est loin de la gaieté d'un Lartigue ou de la beauté d'un Avedon, d'un Irving Penn qui ont, eux aussi, immortalisé des "petites gens ordinaires". Les photos de Zofia Rydet sont sombres, laides, cliniques. Comme l'explique l'un des deux commissaires de l'exposition, Sebastian Cichocki, « Zofia était un terroriste de la photo : elle entrait chez les gens, leur disait qu'elle devait faire une photo d'eux, là, tout de suite.» Elle leur demandait de ne pas se changer, ne pas sourire et les plaçait d'autorité devant un mur., une fenêtre, une porte, selon ce qu'elle avait en tête. Ce n'est qu'une fois sa photo prise qu'elle discutait avec ces modèles malgré eux. C'est peut-être de là que vient cette froideur, cette distance. Une distance qu'on trouvait aussi dans certaines photos de Sabine Weiss et chez Nicolas Muller.


Faut-il aller voir cette exposition ? Pour moi, oui, non pour sa beauté mais pour toutes les réflexions qu'elle porte : la photo est-elle toujours un art ou peut-elle être un médium scientifique ? Cet "oeil ouvert sur le monde" l'est-il vraiment ou est-il un miroir qui reflète juste nos névroses ? Le photographe peut-il se contenter de montrer ? Plus je regarde de photos et plus cet art me semble mystérieux. Le plus factuel, et pourtant, comme par magie, chaque photographe imprime sa personnalité, volontairement ou non, dans ses images.  Et devant tous ces visages figés par Zofia, j'ai eu mal au coeur. Une grande tristesse, comme si je visitais un mausolée. Tristesse aussi face aux émotions de la photographe que je ressentais derrière ce travail névrotique.

Pourtant, Zofia a bien d'autres facettes et pour la comprendre, il faut aller au-delà de ce Répertoire sociologique, qu'elle considérait comme sa grande oeuvre (elle y travailla jusqu'à sa mort). Sa série Little man révèle un amour de l'humanitéà couper le souffle, ses séries de photomontages, comme Mannequins, Expectations ou Annihilation, créées au début des années 70, sont d'une poésie incroyable. En les voyant, on comprend alors que Zofia, loin d'être froide, est au contraire une éponge qui voulait nous montrer des mondes invisibles. Et son idée du Répertoire sociologique apparaît enfin clairement : quand nous regardons en premier l'homme sur la photo, elle, se focalisait sur le décor et voulait immortaliser les objets. 

cycle Expectations, 1973-1975, Zofia Rydet






Exposition Zofia Rydet, Répertoire, 1978-1990 - jusqu'au 28 mai 2017. Château de Tours.



Qui veut la peau d'Imogen Tate ?

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"Personne ne se parle au téléphone. Fais-moi un mail. Ou un texte. Je gère cinquante trucs à la fois, alors s’il te plaît, ne m’appelle pas." Eve Morton, in Qui veut la peau d'Imogen Tate

J'ai passé la nuit sous la couette en compagnie d'une femme charmante : Imogen Tate, 42 ans, la rédactrice en chef du grand magazine Glossy. Aussi respectée qu'Anna Wintour, elle a le 06 de tout le Gotha fashion. Elle retrouve le chemin du bureau après un long congé maladie. Problème : son assistante Eve a pris sa place. Elle a aussi pris le melon. Et accessoirement, elle a décidé de transformer le magazine sur papier glacé en appli de e-commerce, chaque page de contenu étant bourré jusqu'à la gueule de native advertising publicité intégrée. Après un moment de flottement, Imogen décide de plonger dans ce monde en version 2.0 pour sauver l'âme de son magazine. Mais qui gagnera ? Le dinosaure qui ne connaît pas Instagram ou la jeune diplômée de Havard aux (faux) Louboutin qui rayent le plancher ? 
Les deux journalistes Lucy Sykes et Jo Piazza ont troussé un roman léger autour d'un drame bien réel : le miroir du web omniscient. Plus qu'un choc des générations, elles démontent un choc de modes de vie et de pensées. Là où Imogen a bâti sa carrière sur une confiance et un respect mutuel noués avec les stylistes, les photographes et ses collaborateurs, Eve est persuadée que tout cela n'est qu'une perte de temps. A quoi bon prendre en considération les sentiments des gens quand il suffit de leur montrer en trois coups de tableaux Excel qu'il y a du fric à se faire ? 
Si le journalisme de mode sert de toile de fond à l'histoire, c'est surtout la révolution numérique et la nouvelle économie qui en prennent ici pour leur grade. La scène où les auteurs décrivent un rassemblement de startupeurs est très drôle. Et celle où Imogen gagne 9800 followers après s'être emmêlé les pinceaux sur Twitter épingle gentiment la folie des réseaux sociaux.


Qui veut la peau d'Imogen Tate, de Lucy Sykes et Jo Piazza, éd. Stock, 414 p., 22 €.


Romain Gary, dandy extrême

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"J'ai su ce qu'était le bonheur en entendant le bruit qu'il a fait en tombant."

Je parle encore de livres, aujourd'hui, mais impossible de passer à côté de cet anniversaire : c'est cet homme qui m'a donné envie d'écrire. Drôle de vie que la sienne. Petit garçon slave exilé en France, élève brillant, compagnon de la Libération, diplomate, époux d'une actrice encensée, détesté par le milieu littéraire, double prix Goncourt, il a  même donné son nom à une promotion de l'ENA. Un homme cultivé, curieux, caustique, cassant, drôle, chic. Pour lui, l'humour était "une affirmation de la dignité, une déclaration de la supériorité de l'homme face à ce qui lui arrive." N'est-ce pas l'une des composantes essentielles du dandysme ? 

Chaque fois que je relis un de ses romans, je suis fascinée par ses mots, tellement simples mais qui racontent si bien les émotions humaines. Une écriture poétique, presque comme un chant d'enfant, qui décrit entre deux sanglots nos peurs, nos rêves, nos angoisses. 

Le 2 décembre 1980, l'écrivain Romain Gary s'est suicidé en se tirant une balle dans la bouche. Il avait acheté une robe de chambre de laine écossaise, de couleur rouge pour que les taches de sang effraient le moins possible ceux qui découvriraient sa dépouille. Peu de gens poussent la délicatesse aussi loin. 

RIP, Romain. Tes mots ne mourront jamais. 

PS : je vous conseille tout particulièrement  son dernier roman, L'Angoisse du roi Salomon. Un hymne à la fidélité et à la simplicité.


Spéciale dédicace à ma copine la Belette

Dries Van Noten, l'alchimie poétique

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Avec 1 000 euros, qu'est-ce que tu peux t'offrir dans une boutique de luxe ? Une paire de Louboutin, un sac Céline, 3 tee-shirts Balmain. Ou une tenue chez Dries Van Noten. Parce qu'on est un peu lobotomisées par les sigles, ce n'est pas la marque qui vient en premier à l'esprit quand on en a 1 000 euros à dépenser dans des vêtements et c'est bien dommage. D'abord parce que Dries Van Noten est bien moins cher que Dior ou Vuitton, ensuite parce que ses pièces sont vraiment différentes et qu'on les achètera pour elles-même, pas pour leur logo. Pas parce qu'elles sont sur tous les Abribus. Une interview publiée récemment par L'Express Styles m'a rappelée à quel point Dries Van Noten reste à part dans l'univers de la mode. 

"Les valeurs de la mode sont un peu démodées", confiait-il à la journaliste. Une phrase qui résume sa façon de travailler, lui si mode et si désuet à la fois. Le créateur belge ne fait rien selon les codes actuels, ni ceux de la mode ni ceux des affaires :
  1. Sa maison est toujours indépendante
  2. Il n'est pas mondain
  3. Il s'inspire de tout : la botanique, les personnages historiques, la sculpture, la peinture florentine...
  4. Il croit que la mode a beaucoup à prendre dans la cuisine
  5. Il part du tissu pour imaginer ses collections (et les fait souvent tisser spécialement)
  6. Il tient à séparer les collections homme et femme
  7. Il ne fait que 4 collections par an
  8. Il met le vêtement en avant et l'accessoire au second plan
Bref, depuis des années, le créateur trace sa route à sa façon et ça marche. La poésie et la sensorialité de ses collections sont de plus en plus remarquées et mises en avant pendant les fashion weeks.

Dries Van Noten, collection 2016


Ses vêtements sont vendus dans 500 boutiques à travers le monde mais Dries Van Noten continue à voir la mode comme une alchimie personnelle et le vêtement comme un objet d'art à savourer.

" Il y a cinq ans, les restaurants étoilés étaient les seuls à servir de la nourriture de très haute qualité. Désormais, vous pouvez trouver d'excellents produits servis dans un petit restaurant parisien du XVIIIe arrondissement.   
La mode demeure ce restaurant trois étoiles enfermé dans son palace, sauf qu'on y sert partout la même recette.  
Elle pourrait beaucoup apprendre de la gastronomie. Les gens devraient pouvoir apprécier tous ces petits détails qui relèvent de l'humain et qui lui donnent toute sa saveur. " Dries Van Noten, in L'Express Styles, sept. 2016

Cet esprit intemporel et bohème, le couturier l'a retranscrit dans sa boutique de Saint-Germain-des-Prés agencée comme un salon ou une bibliothèque. Une décoration chaleureuse et personnelle, où les couleurs répondent aux matières. Ici, la mode est un art de vivre, une symphonie, dans laquelle le vêtement est l'aboutissement de mille réflexions. Pas un objet jetable.

Le cas du maquillage de fête

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Le réveillon, c'est souvent la seule fois de l'année où l'on ose se lâcher un peu. Belle occasion donc de plonger dans son vanity et de sortir enfin les trucs extravagants qu'on achète parce que c'est trooooop joli mais qu'on n'utilise jamais. Au hasard : les faux cils papillon, les vernis à paillettes, les rouges à lèvre argentés, les crayons vert lagon... Je vous laisse compléter la liste à votre guise, elle peut être longue selon notre taux de résistance à la fantaisie et à l'achat compulsif.

C'est pas pour autant qu'il faut complètement perdre les pédales. L'idée des grosses paillettes présentées ci-dessus, par exemple, c'est très joli sur l'écran mais c'est un coup à s'en prendre dans l'oeil toute la soirée. Oubliez (sauf si vous voulez draguer aux urgences ophtalmiques toute la nuit du 31).

 

La dégoulinade de fard est aussi à oublier si vous avez deux mains gauche et / ou des amis taquins et / ou hermétiques à toute fantaisie, sauf à entendre toute la soirée : "Tu t'es pris une porte dans l'oeil ?" ou, pire : "T'avais pas de miroir ?" Et être prête à l'assumer.



Mauvaise idée également de sortir le rouge doré : teint de navet garanti. La bouche dorée attirera en effet tous les regards mais elle ne fait pas rêver, elle est juste étrange. Et ce rouge souligne la moindre imperfection de peau et / ou gerçure. En plein hiver, c'est aussi risqué que conduire sans les mains sur la glace.


Là, par contre, le résultat est magnifique. Parce que le rouge est ultra brillant, que l'or tire sur le cuivre et contraste avec la peau. Bonne chance quand même pour trouver ce type de rouge, j'ai tapé rouge à lèvre effet vinyle or, j'ai trouvé que dalle. 


Si vous avez la chance d'avoir la peau noire, ce maquillage sublime est pour vous. Effet déesse inaccessible et fascinante garanti. Avec ça, pas besoin d'investir dans une robe de soirée : un jean et un tee-shirt suffisent.


Si vous êtes au niveau 1, normal d'aptitude au maquillage, comme 80 % des filles, misez sur le fard à paupière cuivre ou or, le mascara de couleur (so 80's, donc 2016, foncez), la bouche ombrée (oui, je sais, ça date du printemps donc a priori périmé mais on l'a si peu vue en vrai dans la rue qu'on l'a déjà oubliée).



Si vous êtes au niveau 2, avec un peu d'entraînement, tentez la vraie fantaisie, celle qu'on voit sur les podiums et dans les magazines. C'est le jour ou jamais de faire péter l'eye-liner graphique.

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