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Channel: Le Cas Stelda - blog mode et chroniques
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Quand Stelda découvre la vraie vie

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Je peine un peu à tenir le rythme du blog en ce moment. Je suis enfermée devant mon clavier de 9 heures à 19 heures. Vers 12h30, je fais une expédition pur aller chercher un sandwich que je mange à la rédac. Je ne vois pas grand chose d'autre que 3 abris-bus, mon salon, ma cuisine, la salle de rédaction (et le parvis devant l'immeuble, où je vais cloper avec mes collègues). 

Mon tas de magazines et d'hebdo en souffrance

D'où la difficultés à écrire. Pas tant par manque de temps pour aligner les caractères sur le clavier que par besoin de temps pour réfléchir à ce que je veux vous raconter. J'ai la tête pleine de sujets très philosophiques (pourquoi on n'ose plus la mini-jupe ? Le voile peut-il être un objet de mode ? Les motardes sont-elles des chaussures comme les autres ? Dior est-il mort ? ...), j'ai testé 3 nouveaux vernis, complété ma collection de mascaras, lu 5 bouquins passionnants, je voudrais rebondir sur un article de Woody Beauty qui m'a interpelée, un autre de Tendances de mode... mais du coup, voilà, je ne sais pas par quoi commencer. Donc, je procrastine vaguement tout en débitant des pages shopping au kilomètre et en faisant des revues de presse de 2 heures sur les sujets d'actu. 

Sauf aujourd'hui. Aujourd'hui, je sais de quoi je veux vous causer. Je suis allé en ville avec Lutin n° 2 pour une expédition chaussures et j'ai vécu un double choc culturel. Il devait y avoir un bout de temps que je n'avais pas regardé les gens ni fait les boutiques. J'avais, je pense, la tête à autre chose : les otages décapités, le cancer du sein, la bouture des rosiers, les nouveautés des désigneurs, les dernières déclarations de Valls, le procès qui se terminait au Rwanda, les mémoires du conseiller de Sarkozy, l'augmentation du prix du gaz, chercher un coiffeur à interviewer, bref, la liste est longue et variée ou avariée, comme vous voudrez. 

Mais les Converse de Lutin n° 2 venaient de rendre l'âme. Pas question de laisser ma fille avec des souliers troués (surtout quand on en possède soi-même 30 paires...). Nous voilà donc dans une "vraie" boutique de chaussures pour enfants, qui vend des Palladium, des Repetto, toussa, et plein de marques que je ne connais pas parce que je ne me suis jamais trop penché sur les marques pour enfants (j'ai lâché l'affaire quand mon aîné a soufflé ses 8 bougies et j'en suis restée à IKKS et Chipie). Je rentre dans un autre monde, entourée de mamans proprettes et coquettes, en jupettes et ballerinettes. Dans mon Levi's collector, mes ballerines de marque inconnue, mon t-shirt en lin Monop', mon sac élimé, j'ai l'impression d'être une clodo. La patronne me salue d'un regard suspicieux. 
Et là, je vois à quel point Lutin n°2 tranche avec les autres petites filles présentes dans la boutique. Elle n'aime ni le rose, ni les paillettes, ni tout ce qui brille. Je dois me battre pour l'empêcher d'aller en jogging à l'école "parce que j'adooooore, c'est trop confortable".

Autour de nous, il n'y a que des petites habillées comme leurs mères. Une fillette en t-shirt siglé, avec une jupe en jean, essayait une paire de motardes. Une autre avec des bottines cavalière en cuir lisse, très Hermès-style. Une autre encore des bottes molles en cuir camel, portées à même la peau. Elles étaient hyper mode, hyper tendance. A 6 ou 10 ans, on aurait dit des ados. J'ai trouvé ça effrayant. Rien que d'y repenser, ça me fait mal au ventre. J'ai envie de pleurer.

"Eurk!!" s'est exclamé Lutin n°2 devant ce modèle.
Elle n'aime ni le rose, ni les paillettes, ni tout ce qui brille. 
Lutin n°2 a trouvé de jolies petites bottines en nubuck marine, la vendeuse était adorable mais j'ai quitté la boutique avec une énorme impression de malaise. 
Mon deuxième choc s'est produit dans la rue. Je l'ai peut-être remarqué parce qu'il y avait du soleil mais j'ai croisé plein de filles photoshoppées. Le visage tellement lisses grâce à la BB, la CC, le blur, le fond de teint nude, la crème truc, la poudre blabla qu'elles ressemblaient à des poupées. Elles étaient hyper jolies mais j'ai trouvé ça monstrueux. Je garde mes cheveux blancs, mes jeans élimés et mes pores. Je m'en fous. Je ne veux pas paraître 10 ans de moins que mon âge, ni ressembler à une page de Vogue. Ce n'est pas grave de ne pas être parfait, si ? Je ne dirai pas que j'adore mes rides mais pou moi, elles font partie du packaging de l'âge. Je m'en fous. Vraiment. Et je trouve dramatique que des minettes de 20 ans qui n'en ont pas une seule s'enterrent sous 3 couches de crèmes. 

Je veux rester un être humain. Et ma fille n'est pas une poupée.

PS : je vais quand même prendre rendez-vous chez le coiffeur parce que "humain" ne veut pas dire tête de loup et là, je commence à me méprendre quand je me croise dans la glace.


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