Comme je suis un peu radasse, je me suis donné un défi : trouver aussi bien que le shampoing Rahua qui avait ressucité ma tignasse, mais si possible moins cher, en fouinant du côté de marques pionnières ou peu connues.
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Aussi loin que mes souvenirs remontent, acheter un shampoing a toujours été un supplice : je reste au moins 18 mn noyée dans le rayon. Les fabricants ont la bonté de s'adresser à chaque tignasse avec un discours personnalisé : cheveux secs, cheveux fins, cheveux blonds, cheveux colorés, cheveux abîmés, pellicules... Mais ne leur est-il jamais venu à l'esprit qu'on pouvait avoir le cheveu raplapla, sec, plein de pellicules et se faire des couleurs ? Ou que l'on soit blonde + frisé + pointes fourchues ? Doit-on alors mélanger tous les shampoings ? Ou faut-il choisir l'une des plaies à éradiquer en priorité ? Ou alterner les shampoings (le lundi shampoing nourrissant, le mardi anti-pelliculaire le mercredi soin pour couleur...) ? Je soupçonne les fabricants de cosmétiques d'être à l'origine de l'actuelle épidémie de procrastination.
Après 1000 tergiversations, autant d'allers et retours entre Beauté-Tests et une longue errance dans les rayons de Monoprix, des boutiques en ligne et de la BioCoop, j'ai réussi à choisir 4 concurrents pour une bataille de bulles.
Less Is More -
Cette marque autrichienne crée des produits naturels non labellisés - contient du
Sodium Lauryl SulfoacetatePrix : 25€/200mlOdeur : sent le bio. Pas très fort, mais pas très agréable.
Packaging : canon ! sobre, efficace, transparent, donc on voit ce qui reste.
Efficacité : zéro. Mes cheveux regraissaient en 2 deux jours à peine, aucun effet positif.
Prix : au vu du résultat (sur moi en tout cas), prohibitif. Comme il est liquide, j'avais aussi tendance à en gaspiller.
Grosse déception! J'avais lu des critiques dithyrambiques sur cette marque, hélas, mes cheveux n'ont pas aimé. Prudente, j'avais choisi un format voyage (6€/30 ml) pour tester la bête. Ouf!
Cattier Cheveux Secs à la Moelle de Bambou - Un vieux routard du bio, shampoing labellisé bio mais contenant de l'
Ammonium Lauryl SulfatePrix : 5,50 €/250 mlOdeur : moisie. Mais vraiment. Horrible! J'ai craqué au bout de 2 semaines et je ne sais pas ce que je vais faire du reste de la bouteille...
Packaging : le format rectangulaire est original et facile à glisser dans une valise. Il tient mieux dans la main.
Efficacité : le cheveu ne regraissait pas trop vite mais il restait terne et rêche. Et embaumait la vieille cave.
Prix : top!
Mais pas cher pour un produit moyen-moins, ça reste toujours trop cher. Mr Cattier a été éliminé.
France'In Paris Shampoing Vitalité -
France'In est un salon de coiffure parisien. Spécialiste des couleurs naturelles, elle a créé une gamme complète de shampoings et soins naturels à 60%. Ce shampoing n'est pas labellisé et contient de l'
Ammonium Lauryl Sulfate. Utilisé par ma soeur, sur qui il fonctionne bien, je me suis dit que ce serait peut-être une révélation.
Prix : 25 €/250 ml
Odeur : bof, un peu "herbes de Provence.
Packaging : vieillot et la grosse bouteille n'est pas très pratique, mais on voit bien le niveau du produit.
Efficacité : question "vitalité, je n'ai remarqué aucune différence. J'avais plutôt les cheveux un peu paillasseux. Je me suis obstinée un bon mois, me disant qu'il fallait laisser sa chance au produit.
Prix : argh!!!
Verdict : à dégager. Mais il faut lui rendre justice : il est très concentré, j'ai utilisé un quart de la bouteille en un mois, à raison d'un shampoing tous les 3 jours.
A ce stade du test, j'étais un peu désespérée. J'hésitais à acheter le shampoing des Délices d'Azylis mais à 24 euros, je n'avais pas envie de renouveler la mauvaise expérience de France'In. Il me restait bien sûr les shampoings John Masters Organics qui, je crois, n'ont jamais déçu personne mais j'avais quand même envie de trouver une bête rare et inconnue. On a sa fierté. J'ai joué ma dernière carte, la nouvelle gamme capillaire sans sulfates de Börlind.
AnneMarie Börlind Volume Shampoo - label bio BDIH. Sans sulfates.
Prix : 8,50€/200 ml
Odeur : stupéfaction, il sent la petite madeleine. Miam, miam!
Packaging : pas joli mais la prise en main est bonne. Inconvénient : il est opaque.
Efficacité : l'effet volumateur n'est pas bluffant sur le coup mais le cheveux reste propre et doux au moins 3 jours et garde du volume jusqu'au prochain shampoing. Et ça, c'est inédit.
Prix : top rapport qualité/prix. C'est d'ailleurs le seul shampoing bio à la composition vraiment nickel et qui sente bon.
Après avoir abandonné les silicones, me voilà sans sulfates. Si ça continue, je vais devenir une vraie biowoman et croquer des pissenlits. Mais je ne le regrette pas : on m'avait dit plusieurs fois qu'ils étaient à bannir car ils dessèchent les cheveux et, deuxième effet kiss kool, sont très irritants pour la peau et les muqueuses. Je comprends maintenant pourquoi j'avais toujours les yeux rouges presque à saigner quand j'utilisais mon Petit Dop ou mon Garnier Ultra Doux (ultra doux, mon oeil!). Et dans le cas de cheveux gras, ils accélèrent la fabrication de sébum : agressé, notre pauvre cuir chevelu se défend comme il peut.
Les bons résultats donnés par le shampoing AnneMarie Börlind, qui n'en contient pas, tendent à confirmer la chose. C'est peut-être une coincidence. Ou pas ?
Mon chimiste de père avait prohibé les produits lavants de la maison : pas de liquide vaisselle, pas de gel douche, pas de produit ménagers. C'était savon de Marseille pour la douche et la vaisselle, bicarbonate de soude, savon noir et vinaigre pour la maison. Seule exception : les shampoings (ouf!) et le dentifrice. Toutes mes copines le prenaient pour un illuminé et je rêvais parfois d'un bon gros flacon de Monoï qui pue la framboise. Bien sûr, à 18 ans, je me suis empressée d'acheter du Garnier et du gel douche avant de réaliser, 10 plus tard, que Super Papa était juste plus au fait des défauts de certains produits chimiques que le consommateur lambda des années 70 à 2000.
Aujourd'hui, je comprends que mon père avait simplement banni au maximum les sulfates, ces tensio-actifs qui nettoient et donnent cet effet moussant qu'on adore. En gros, plus il y a de mousse, plus il y a de sulfates! Les cosmétologues ont pourtant trouvé des équivalents naturels et moins irritants dès les années 80. Le hic : ces substituts augmentent sensiblement le prix des formules, alors beaucoup de marques préfèrent garder leur bon vieux Sodium Lauryl Sulfate des familles (qui coûte que dalle à fabriquer) ou l'Ammonium Lauryl Sulfate, bien obtenu à partir d’une base naturelle mais qui possède un potentiel irritant assez élevé.
Les bases lavantes les plus douces intègrent des tensioactifs dérivés du sucre : on les reconnaît au mot « glucoside ». Encore plus doux mais 8 fois plus chers, les acylglutamates sont repérables au mot « glutamate ». Le shampoing Börlind combine les 2, en gardant un prix raisonnable. Preuve que quand on veut... on peut faire de la qualité sans rincer le client.
Conclusion :
- j'ai découvert que certains shampoings dits naturels contenaient en réalité des sulfates, y compris dans des produits labellisés. Seul le label BDIH les proscrit totalement.
- je vais envoyer mon CV à AnneMarie Börlind et leur demander de m'embaucher comme testeuse officielle
- pas à pas, de shampoing en soin, de lectures en essais divers et variés, je ne désespère pas d'acquérir une chevelure qui ne ressemble plus à un tas de foin gras.
Et à force de discuter tifs avec mon amie Lady L, coiffeuse de son état, elle m'a filé plein de tuyaux sur l'art du shampoing. Je vous raconte tout une prochaine fois!
Pour aller plus loin : Sulfates et tensio-actifs,
un article très clair et détaillé de Vanilline Cosmétiques
Spéciale dédicace à mon papa : il mérite bien ce clin d'oeil!