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Channel: Le Cas Stelda - blog mode et chroniques
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De la fidélité et du mépris

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L'une des joies puériles de la modasse est de dénicher une marque inconnue qui lui convienne. Vous avez enfin trouvé le vêtement un petit peu original mais discret dans lequel vous vous sentez aussi belle que Catherine Zeta-Jones et qui survit à plus de 10 lavages. Vous êtes heureuse. In love avec cette P'tite Marque trop choute, qui taille exactement pour vos fesses / vos pieds et correspond à votre budget.

Non, je ne parle pas de cette robe McQueen à 4 chiffres.
Robe imprimé vitrail, collection hiver 2013-2014

Mais les histoires d'amour finissent mal en général et celles avec les marques ne dérogent pas à la règle. Les marques sympa restent rarement confidentielles. La p'tite marque commence à être distribuée à droite et à gauche. Au début, ça vous réjouit (plus besoin d'écumer les sites pour obtenir le top rose convoité), puis au Japon et aux Etats-Unis. On la voit dans tous les magazines, elle devient à la mode et là, crac, elle double ses prix.
Ce qui est comique car la dite marque fait alors fabriquer en plus grande quantité et quitte la France pour l'Espagne / l'Italie pour la Chine / la Roumanie pour le Cambodge / les Etats-Unis pour le Mexique. Ces deux éléments conjugués, quantités + délocalisation devraient logiquement provoquer une baisse de prix mais on assiste au contraire à leur envolée stratosphérique. Souvent assortie d'une baisse de qualité. Un foutage de gueule dans les grandes largeurs.

chic

Du coup, les primo-acheteuses qui ont contribué au succès de la marque ne peuvent pas forcément suivre (notre salaire est rarement multiplié par 2 ou 3 en 5 ans et quand il l'est, il est souvent assorti d'enfants). Frustrant. Genre : "bon, vous êtes gentilles mais maintenant qu'on chausse Madonna, hihi, on est au-dessus de vous, les filles. Passez votre chemin et retournez chez André, vous serez mignonnes." Ca m'énerve. Mais vraiment. Je prends ça comme du mépris. Et en plus, même chez André, ça monte grave.
Je ne suis pas la seule à trouver que les prix approchent le grand n'importe nawouak. Lilly en a parlé il y a quelques jours à propose d'une collection de boots Zadig & Voltaire en série limitée : de 780 à 890 € les boots et les bottes. Pour ce prix-là, on a une paire de bottines Hermès. Ou ces bottines Louis Félix, made in France, faites à la main.

bottine Louis Félix

Je veux bien croire à la montée du prix du transport et des matières premières, des salaires (quoique l'ouvrier chinois ne soit payé que 450 € et pour ce prix-là, il fabrique un paquet de pulls), de la TVA et toussa. L'histoire du positionnement par le prix, je connais aussi : si Promod monte, Maje monte et Chanel doit monter pour rester encore un cran au-dessus. Mais la discrimination par le prix dans le milieu de gamme juste pour faire croire que c'est devenu miraculeusement du haut de gamme, stop, les gars (comme si le prix était synonyme de bon goût, franchement, z'ont pas regardé Paris Hilton ni Kim K, hein) (en plus, on n'est pas idiote, on fait quand même la différence, hihi).

Et les prix, c'est comme les immeubles antisismiques : à force de monter de plus en plus haut, ça va finir par ne plus très bien résister aux secousses. Vous êtes en train de nous jeter toutes sur e-Bay ou chez H&M.

Pour aller plus loin : Fashion inflation sur les prix du luxe.

PS : à propos de faux luxe, Abercrombie vient d'annoncer la chute de ses bénéfices d'un tiers... Preuve que le mépris ne paye pas, nananère! Et preuve qu'on cherche aujourd'hui un bon rapport qualité/prix avant un logo (coucou @Zadig&Voltaire...)

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