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Channel: Le Cas Stelda - blog mode et chroniques
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Les tendances de 2017 #1

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En 2014, j’ai été prise d’une fascination aussi subite qu’étrange pour les tee-shirts souvenirs. J’étais obsédée par les I love Paris et chaque fois que je passais sous les arcades de la rue de Rivoli, je me retenais de me jeter dans les boutiques à souvenirs pour en acheter un. Les copines auxquelles j’ai avoué à l'époque cette lubie m'ont regardée comme si j'étais folle perdue. En fait, je n’avais que 2 ans d'avance, puisque comme l'expliquait en mai Lise sur son site Tendances de mode, le truc floqué I love New-York ou Georgia est devenu le nouveau it - bag. On peut donc s'attendre au retour du jogging en molleton. Cette bonne nouvelle m’encourage à poursuivre mes prédictions. Penchons-nous donc sur 2017 et commençons par la décoration.


Côté food, le rétro va s'accentuer. Première victime, le bowl : c'est bien gentil mais convenons-en, c'est moche. En plus, c'est hyper dur de réussir une jolie mise en scène #instafood. Des petits malins tentent de passer à la boulette mais c'est pas plus facile à faire, sans parler de la connotation du mot, qui promet les pires # sur Twitter. En avant-avant-première, je suis fière et heureuse de vous annoncer le retour de l'assiette à soupe. On ne trouvera pas mieux pour garder l'esprit bowl tout en restant digital-compatible.

Jetez-vous sur les abats : oui, oui, vous avez bien lu. D'abord, le quinoa est devenu trop mainstream, ça ne fait plus bicher personne, ensuite, les abats sont économiques, écolo et plein de fer. Si l'on suit la vague #jemangesain et #zérodéchets, les foies, coeurs, boyaux, et autres pieds devraient connaître un logique retour en grâce. Vous avez le droit d'être dégoûté mais seulement devant votre écran, pas devant votre assiette au Ritz (qui en servira très bientôt). Parce que même les grands chefs commencent à kiffer de cuisiner  le porc de la tête à la queue à la queue, comme le soulignait un long reportage du Monde sur le retour de la cuisine bourgeoise (si vous voulez popoter comme grand-mère, j'ai plein de super livres à vous conseiller, suffit de me le demander en commentaire). A vous les oeufs en meurette et le pigeon aux petits pois (du jardin, bien sûr).

Pour les bec sucrés, faites une hola au Saint-Honoré : longtemps dédaigné, il est l'objet de toutes les convoitises. Encore deux ans et le chic du chic sera de dévorer un carton de glands ou de pêches au brunch du dimanche. Si, comme mon mari, le malheureux, vous ne savez pas ce qu'est une pêche, c'est une double brioche bourrée de crème pâtissière et décorée de sucre. On n'en trouve plus que dans les pâtisseries de village. J'en ai mangé toute mon enfance, c'est aussi délicieux que kitch :

NDLR : la VRAIE pêche a une petite feuille verte en pain azyme

Quand au gland, les gens smart l'appellent le Salembo et sa cote remonte doucement, il peut très vite détrôner le donut coloré qui s'arrache actuellement sur les buffets de mariages. Ah, et comme le vin se "démocratise", c'est-à-dire se boit en canettes (bio) et au cubi (en série limitée), passez au cognac. Sinon, vous aurez l'air d'un suiveur.

Est-ce parce qu'on prédit sa pénurie ou s'agit-il d'un contre-pied aux jus de carottes-concombre-basilic-soja ? Toujours est-il que le chocolat bénéficie d'un retour en grâce même dans les pages des féminins. On peut donc deviner la prochaine boisson en vogue : le chocolat à l'ancienne, qui va ratiboiser les roibos et autres thés verts. Pourquoi ? Parce que c'est plein de minéraux, de magnésium, ç'a le goût de l'enfance, qu'on éprouve du plaisir (défendu) en le buvant, qu'il y a des dizaines de crus de cacao et qu'on pourra donc le rendre supra-sexy en alignant sur une carte (calligraphiée à la main) des cacaos du Brésil, du Mexique, du Nigéria ou de Tanzanie. Double bénéfice, puisque l'Amérique Centrale, nouvelle destination à la mode, sera valorisée. 


Je ne saurais donc trop vous conseiller de courir les vide-greniers à la recherche du modèle qui fera pâmer tous vos amis. Le style ancien, porcelaine fleurie ou dorée, manches en bois, est la valeur sûre. Si vous voulez affirmer votre délicatesse d'esprit et votre finesse de goût, optez pour une version revisitée par un jeune designer (chez Bernardaud, Christofle, Deshoulières...), dans ce genre-là :



Vous rentabiliserez votre vide-grenier en shopant une douzaine d'assiettes à soupe en faïence Moulin des Loups, à décors Béarn ou à filets de couleur, dorés, voire en verre taillé. Fuyez le Duralex jaune, ça rend mal sur #Instagram.

Et profitez-en pour dégotter un canapé dos d'âne, le Napoléon III, c'est l'avenir. Tableaux dorés, coussins à glands, nappes damassés... faites une razzia. Misez sur les couleurs chaudes, avec une petite dose d'acidulé ou de fluo pour réveiller tout ça (et éviter de transformer votre salon en boudoir de mamie). Bye, bye le scandinave, y en a marre des trucs bien rangés et bien léchés, osez le mauvais goût. De toute façon, on a toujours le mauvais goût d'un autre. L'essentiel, c'est d'avoir son style et de montrer ce qu'on aime. Bonne nouvelle, non ?

On ne pense plus forme mais matière: le papier, le velours, le cuir, la laine, la porcelaine... Mélangez les imprimés : papier peint à grosses rayures, moquettes à fleurs, tout est permis. Et pensez émotion. Voilà. L'émotion n'étant ni la pleurnicherie ni la béatitude extatique mais quelque chose qui vibre dans les tripes et qu'on a envie de partager, parce qu'il qui nous rend heureux ou meilleur : esthétisme, drôlerie, clin d'oeil à des références communes ou à un souvenir intime, peu importe : c'est vous qui choisissez. La poétique est de retour, alléluia!

Mais attention : on DE-TOUR-NE. Customisez le dos de vos cartes Pokémon avec des feuilles de Papier Tigre, accrochez votre manteau Stella McCartney au mur comme une oeuvre d'art, tapissez les murs de vos toilettes d'un papier peint à la planche (sans mauvais jeu de mots) à 400 euros le rouleau.  Parce que le luxe doit se nicher où on ne l'attend pas. Accrochez vos colliers à un vieux trophée de chasse, meublez la longère de Grand-Père avec des tabourets Tam-Tam ou des lampes Kartell. Un peu dans l'esprit de cette jolie exposition Fantômes et Apparitions, au château du Rivau : des artistes ont semé au fil des pièces leurs oeuvres et le résultat est aussi drôle que poétique.

Blanc Manger de Magali Vaillant, exposé au château du Rivau

On peut aussi s'inspirer de la boutique déglinguée d'Aster de Villatte, rue Saint Honoré :


Les bougies Château de Versailles sont exactement dans ce style-là : chacune a été créé pour dégager l'odeur d'une pièce du château... Celle-ci, Bureau de Louis XV, sent le papier. Une autre, La Chapelle des Rois, sent l'encens religieux. Un vrai voyage dans le temps et dans l'espace.
 
Si vous me suivez sur Instagram (blogasse, sors de ce corps!), vous avez vu que le salon Maison&Objet a retenu House of games comme thème pour son édition de septembre. Bien sûr, j'ai fait des bonds de joie en voyant les propositions de Vincent Grégoire. Je parlais de cet esprit victorien en janvier et la prolongation de la vague patrimonialo-sensorielle évoquée en janvier 2015.

Installation House of Games, M&O Paris, septembre 2016

Bref, après une décennie de décoration hygiéniste et réglementaire, on a trouvé une solution pour tordre le coup à la déco façon catalogue, grâce à un maître mot : l'ambiance. Et ça, ça met de bonne humeur.

A suivre dans un deuxième volet : la mode et la beauté.

PS : en terminant ce billet, j'ai découvert que sa publication était prévue pour le mois de mai. Oups!

PPS : A noter : le mojito m'a épatée cette année par sa force de résilience. Il a balayé les apéros poussés en avant par les marques... 

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