Je ne comprenais pas pourquoi les Parisiens disaient "je prends la 13" comme ils auraient dit "j'ai gravi l'Himalaya". Après 15 jours de 13, je comprends. Qui n'a pas vu arriver ses rames gonflées de visages écrasés contre les portes vitrées n'a rien vu. Vision d'horreur. Surtout lorsqu'on est place de Clichy et qu'on va Porte de Vanves.
Ceci mis à part, c:'est la ligne de métro la plus instructive qui soit, sociologiquement et modesquement parlant.
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| Photo prise à 18h30, le soir où les Bleus jouaient contre le Nigéria. Ceci explique ce vide étonnant, là, au milieu. |
Elle traverse tout Paris, du périph' aux Invalides. On y croise des touristes japonais, des traîne-savates, des grandes bourgeoises, des travailleurs fatigués, des banquiers proprets. Je bénéficie d'une heure d'observation chaque jour. En vrac :
- Ca m'a toujours étonnée, ces gens qui prennent le métro avec d'énormes paquets Dior / Prada / Hermès. Le jour où j'irai chez Dior, j'en sortirai en taxi. Nan mais ho.
- J'hésite entre acheter de la poudre matifiante et me réjouir de ne pas porter de fond de teint. Parce qu'après 32 minutes sur la ligne 13 entre 9h12 et 9h44, je ressemble à un beignet fraîchement sorti de la friteuse.
- Je soupçonne d'ailleurs la RATP de faire sponsoriser cette ligne par Axe, Nivéa et Dove. Impossible d'y survivre sans déo spécial 48h 0 traces. Et merde pour les sels d'aluminium, c'est ça ou asphyxier les voisins. Le savoir-vivre nous coûtera peut-être un cancer.
- Gare Saint Lazare, il y a des pousseurs. Enfn, ce ne sont pas des pousseurs comme dans le métro de Tokyo, mais on s'en rapproche. Ils sont chargés de vérifier que personne ne reste coincé entre les portes au moment où elles se referment. Et avec leur gilet orange, ils sont bien dans le ton de la saison(N.B. pour moi : penser à écrire à la RATP pour leur conseiller passer au bleu glacier cet hiver).
- C'est la seule ligne où il est absolument impossible de se maquiller. Ni de lire le journal. Ni un livre de poche. Ni même ses tweets. On a déjà du mal à lever le bras pour se gratter le nez et quand c'est possible, on hésite à le faire (cf item 3).
- De même, la RATP pourrait retirer les barres et autres poignées de toutes les rames. On se soutient les uns les autres (N.B. pour moi : penser à écrire à Anne Hidalgo pour lui suggérer de généraliser la ligne 13, qui engendre une solidarité certaine).
Photo : Stelda