Vous vous en rappelez ? A leurs débuts, vers 2007, 2009, les blogs mode étaient une voie alternative aux magazines. Des filles fauchées mais inventives montraient des tenues très sympa, bricolées avec les fonds de placards et les trouvailles made in H&M, Emmaüs et vide-grenier.
Et puis, ç'a été l'explosion. C'était tellement original, nouveau, frais! D'abord étonnées, dubitatives puis intriguées, les marques se sont ruées vers ce nouvel Eldorado publicitaire. Il faut dire que c'était facile. Les blogueuses, souvent étudiantes, souvent fauchées, étaient ravies de recevoir des colis de fringues et de produits. Courtisées, encensées, elles se sont professionnalisées.
modèle Cacharel, hiver 2014-2015 |
Beaucoup ont accusé les blogs de mode de pousser à la consommation. Pour tenter de percer parmi les 15 millions de blogs, les filles à qui les marques offraient moins de produits achetaient des wagons de vêtements et d'accessoires. Certains articles en sont venu à expliquer : "Comment créer un blog mode en ayant un petit budget."
Se basant sur cette chère loi de Poiret, les marketeux ont alors professé la mort de la blogosphère. Trop pourrie, discréditée... ils ne voyaient aucun avenir pour ce média support publicitaire mort-né. Ils ont peut-être raison pour ce qui est de la pression publicitaire mais en tant que média, les blogs ont encore de l'avenir. Cette analyse réductrice oubliait un paramètre : les blogueurs sont aussi (d'abord) des trendsetteurs. C'est à dire que leurs choix, leurs ressentis, leurs envies, sont souvent en avance sur ceux de la majorité de la population : cette fameuse loi de Poiret, ils sont les premiers à l'appliquer. Et des blogueurs commencent à saturer et à ruer dans les brancards de l'ultra-consommation. Ils refusent d'être cantonnés au rôle d'hommes-sandwich. Plus simplement, certains, honnêtes, continuent à partager leurs états d'âme. Il y a 3 ans, ils montraient leurs fringues, aujourd'hui, ils racontent qu'ils n'ont rien acheté. Ou qu'ils ont vidé leurs placards. Parce qu'ils sont un peu écoeurés.
Après une bonne gueule de bois cosmétique et une grosse indigestion modesque, on voit fleurir, deci-delà, des billets parlant de slow consommation. Ballibulle titre "331 jours sans rien acheter chez Zara". Jicky confie avoir acheté 2 pièces en 6 mois. Coline se questionne sur l'impact écologique de ses vêtements. Ellen a largement réduit ses achats mode. Moi-même, je préfère craquer pour un cosmétique made in France que pour une fringue qui a fait 3 fois le tour du monde avant d'atterrir dans mon armoire. Depuis l'ouverture de ce blog, j'ai divisé mes achats de fringues par 6, au moins. Parfois, ça me manque. Je dois me faire violence. Il m'arrive encore de craquer pour un vêtement superflu. Mais la plupart du temps, je n'en ai tout simplement plus envie.
Il y a toujours eu des blogs parlant de réduire la consommation ou partageant des conseils écolo. La nouveauté, c'est que des blogs de mode ou de beauté classique remettent un peu en question le système, même si tous n'ont pas été happés par le système des partenariats. Et de jolis blogs, comme celui de Lilly, prouvent qu'on peut parler mode raisonnable sans être grinchon.
Il y a toujours eu des blogs parlant de réduire la consommation ou partageant des conseils écolo. La nouveauté, c'est que des blogs de mode ou de beauté classique remettent un peu en question le système, même si tous n'ont pas été happés par le système des partenariats. Et de jolis blogs, comme celui de Lilly, prouvent qu'on peut parler mode raisonnable sans être grinchon.
Ils reprennent donc le pouvoir. Pas sûr que ça plaise à toutes les marques.
Source photos : Cacharel