Mocassins, slippers, veste matelassée pastel, dois-je investir dans ces pièces que je trouve si moches ? Suis-je ringarde ? Est-ce que je dois continuer à m'habiller pour moi ou dois-je me préoccuper des trucs à la mode ? Autant de questions qui me turlupinaient. J'ai décidé d'en avoir le cœur net en portant le vêtement que je n'aurai jamais acheté : un pull Damart.
Mon adorable papa m'en a offert un pour Noël. Preuve qu'il est précurseur sur bien des choses (outre la cosmétique green, l'alimentation localivore et la slow consommation). Preuve que je suis une abominable poufiasse, j'avoue avoir eu un peu de mal à m'extasier mais comme j'ai été bien élevée, je l'ai remercié avec un sourire enthousiaste.
Mon adorable papa m'en a offert un pour Noël. Preuve qu'il est précurseur sur bien des choses (outre la cosmétique green, l'alimentation localivore et la slow consommation). Preuve que je suis une abominable poufiasse, j'avoue avoir eu un peu de mal à m'extasier mais comme j'ai été bien élevée, je l'ai remercié avec un sourire enthousiaste.
Puis j'ai rangé le fameux pull sur une étagère. En me demandant, pendant des mois, si j'allais porter. Et puis cette semaine, je me suis jetée à l'eau. Allons-y, me suis-je dit, ne mourrons pas trop snob. Testons le potentiel de désirabilité du pull Damart (oui, je m'entraîne pour postuler à la rédaction de ELLE).
Blanc + fleurs + perles : ce pull cumule les it-détails de la saison.
Blanc + fleurs + perles : ce pull cumule les it-détails de la saison.
7h50 : j'enfile la bête sur un pantalon kaki, style battle dress et j'ajoute un foulard coloré, pour faire bonne mesure.
8h20 : dans la rue, personne ne m'arrête. Devant l'école, aucune maman n'appelle les flics non plus. Je prends confiance.
14h : à la fac, aucune réaction. Je ne sais pas si mes camarades ont remarqué la pièce la plus swag de ma garde-robe ou si elles ont cru que je m'assortissais à notre thème actuel (on prépare un magazine sur le vieillissement : son art, son histoire, ses galères).
17h13 : Lutin n°1 rentre du lycée et ne pipe mot. Mon aspect modesque ne lui semble ni mieux ni pire qu'à l'ordinaire. Le pull Damart perd peu à peu son aura sulfureuse. Je suis hyper déçue.
20h15 : dîner avec mes vieilles copines. Qui ne pipent mot, elles non plus.
20h28 : je n'y tiens plus. "Qu'est-ce que vous pensez de mon pull, les filles ? Vous aimez bien, ou bof, bof ?""Maintenant que tu le dis... commence Lady E, "Puisque que t'en parles... " poursuit Lady L.
Lady L aime bien les fleurs, mais pas trop la matière. Lady E aime bien la matière mais pas les fleurs. Pour Lady C, c'est la couleur qui est bizarre. Je comprends qu'il ne fait pas l'unanimité.
Mais bon, la collection de Nicolas Ghesquière pour Vuitton est loin d'avoir fait l'unanimité, elle aussi. Conclusion :
- Ne jamais se fier aux it-détails pour croire qu'une pièce est tendance.
- Un vêtement ne peut pas plaire à tout le monde : ici, le pull plaît à mon père mais pas à mes copines.
- Ce n'est pas la peine d'investir dans du Vuitton pour susciter (ou pas) des réactions contradictoires.
- Je fréquente des gens d'une politesse extrême : ils gardent leur avis pour eux tant qu'on ne le leur demande pas. Et surtout, ils se fichent de ce que je porte.
- J'aurais donc bien tort de choisir mes tenues en m'inquiétant du jugement des autres.
Une expérience libératoire.
Zara ou Damart, un pull reste un pull.
Cet article est dédicacé à mon super Papa, qui n'a jamais eu peur du regard des autres
Pardon pour mon silence, j'étais un peu la tête dans le guidon.