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Channel: Le Cas Stelda - blog mode et chroniques
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Le défilé des vanités + concours!

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Dans quelques jours, les marques de prêt-à-porter envahiront Paris et ce sera le grand moment des rédactrices de mode. On leur piquerait bien leur place pour voir de près les nouveautés. Sauf que... sauf que les défilés durent 12 mn et qu'il faudrait se fader le reste 346 jours par an. Car la vraie vie d'une rédactrice de mode, cela peut être bien plus corsé, à en croire Le Défilé des vanités, le dernier roman doux-amer sur la mode.

Cécile Sépulchre

D'abord, s'occuper d'un cochon amené par avion, pour un shooting mode. Lui installer un enclos dans la cour d'un immeuble hausmannien, c'est (relativement) facile. Ca se complique quand il faut gérer ses crises de manques après qu'une main mystérieuse l'ait nourri à la coke. Il vous faudra aussi faire avec le boss. Là encore, rédac' chez Vogue ou à EDF, on en passe (presque) toutes par là. Mais quand la boss est surnommée Queen par toute la boîte, on se doute que la dite boss doit être dotée d'un tempérament assez particulier.

Et puis il y a  le collègue peu confraternel, aveuglément soutenu par la boss qui vous renvoie systématiquement dans les roses si vous oser contrarier son génie méconnu. Il y aussi la petite cousine d'une relation, que vous accueillez comme stagiaire et qui, un jour, s'assoit dans votre siège. Entre deux bouclages, vous devrez supporter les caprices de chacun, leurs régimes ratés, leurs crises d'angoisse et leurs crises d'ego.

Cécile Sépulchre décrit tout cela dans Le Défilé des vanités. Ce n'est pas tout à fait une fiction, puisqu'elle a été 10 ans rédactrice en chef à L'Officiel Mode. Elle a noté, pendant des années, toutes les anecdotes drôles ou extravagantes vues et entendues, m'a-t-elle expliqué : "Et il y en a, dans ce milieu! C'est un monde drôle et étonnant, un milieu où les gens sont souvent comiques ou déphasés, parfois les deux, un monde qui adore l'humour et les traits d'esprit, assez lucide et qui a du recul sur lui-même."

Dans son roman, Cécile recréé un monde parallèle avec un magazine de mode (bien nommé "Luxe Addict"), un créateur sur-médiatisé mais au talent douteux, un photographe capricieux, un directeur artistique tyrannique, une rédactrice en chef si consciencieuse qu'elle finit à l'hosto, une stagiaire aux dents longues, une socialiteà qui tout réussit... Toute ressemblance avec des personnes réelles serait bien sûr pure coïncidence.

Il n'y aucune rancoeur ni méchanceté dans ce roman. Au contraire. Cécile regrette simplement que la mode s'étouffe elle-même."Personne n'ose jamais dire quand un défilé, un produit est mauvais. C'est malsain. Non seulement pour les journalistes qui ne peuvent remplir leur rôle et pour les lecteurs qui sont frustrés mais aussi pour les marques." Car les clientes, qui ne sont pas idiotes, ne cautionnent pas n'importe quoi. Et certaines marques ne comprennent pas que leurs produits, encensés par la presse, ne se vendent pas.

Cécile ne règle ses comptes avec personne, elle a voulu révéler les déviances du milieu. Et la souffrance de certaines rédactrices face à ces dérives. Comme beaucoup de journalistes de mode, elle a constaté la transformation de son métier dans les années 90 : "L'écrit est passé au second plan et le visuel a pris le pouvoir. Qu'il prenne autant de place a bouleversé les rédactions et le journalisme. Et cela ne concerne plus que les féminins et les journaux de mode. Dans les news aussi, l'image gagne de plus en plus de terrain." Elle ajoute même : "Chez Colette, ils ne veulent d'ailleurs que des livres d'images, sans texte ou presque." Sans gris, comme on dit dans les magazines.

Au-delà des coulisses du milieu, l'auteur voulait aussi parler des femmes aujourd'hui. La difficulté de concilier travail et vie personnelle, la complexité des relations amoureuses modernes, la difficulté de vieillir. Comme Elisabeth, la rédac' chef, qui se botoxe et se silicone consciencieusement jour après jour pour rester dans la course effrénée à la beauté, à la jeunesse. Quitte à finir défigurée. Ou Bille, la jeune assistante qui décide de se consacrer uniquement à son travail, faisant le deuil de toute vie affective. "Le monde de l'entreprise devient tellement violent que beaucoup de cadres craquent. Et la presse n'en parle pas beaucoup, de cette violence" souligne Cécile. C'est vrai. Et lorsqu'on mixe le milieu de la presse et le milieu de la mode, on obtient un conglomérat qui travaille sous pression maximale.

J'ai acheté le Défilé des vanités dès sa sortie. J'étais stupéfaite qu'une rédactrice en chef française ose parler de son milieu. Alors, non, ce n'est pas Le Diable s'habille en Prada. Cécile ne peint pas de monstres. Elle est plus subtile : elle dessine des personnages comme on en côtoie tous et dont les qualités et les défauts sont exacerbés par un milieu obnubilé par le paraître.

Ce qui est étonnant, c'est que ce livre n'ait pas eu plus de critique. Très peu de magazines féminins ou de mode en ont parlé. Auto-censure ? On est loin d'un livre à charge, les personnages sont réussis et attachants. Et ce roman est quand même une première française. Je pensais (j'espérais!) qu'on parlerait plus de ce roman, qui montre la mode toute nue. Avec les bons et les mauvais côtés. Mais qui est parfait ? Personne...


Le livre se termine par un organigramme, l'ours, cet encart exigé par la loi que l'on trouve dans tous les magazines. Ici, il est drôle et bourré de tendresse. Cécile n'a oublié personne. Et surtout pas les lecteurs. Et en lisant ce petit ours plein d'humour et de gentillesse, je me suis dit que Cécile était une personne hors normes. Je suis heureuse de l'avoir rencontrée.

Les Editions Balland m'ont gentiment envoyé un exemplaire à vous offrir. 
Si vous souhaitez participer, c'est facile : précisez-le dans votre commentaire. 
Et je serai heureuse de savoir ce que vous, vous attendez d'un magazine de mode.

Je tirerai au sort une gagnante le 24 février. 


Pour aller plus loin : une jolie tribune de Cécile dans le Huffington Post

Le Défilé des vanités, de Cécile Sépulchre - 400 p., 22,90 € - Editions Balland

PS.  Surtout, surtout, j'espère qu'il y aura un film!! Et une suite...

Sources photos : Cécile Sépulchre et Balland

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